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sentenient de la mère, bien que les autres femmes
du pays s’y opposassent fortement. La pauvre mal-
beureuse semblait tout-à-fait épuisée.
On vit la femme de Benilong, quelques beures
après être accoucbée, marcher seule et ramasser du
bois pour entretenir son feu. L’enfant, dont la couleur
de la peau paraissait roussâtre, était étendu par terre
sur un morceau d’écorce.
Les enfans nouvellement nés sont transportés par
leurs mères sur un morceau d’écorce tendre ; aussitôt
qu’ils ont acquis assez de force, elles les placent sur
leurs épaules avec leurs jambes passées sur leur cou.
Instruits par la nécessité, bientôt ces petits êtres s’accrochent
aux cheveux de leur mère pour s’empêcher
de tomber.
La teinte rougeâtre de leur peau fait bientôt place à
leur couleur habituelle, et ce changement est dû en
grande partie à la fumée et à la saleté dans laquelle ces
petits malheureux sont entretenus dès le premier instant
de leur existence. Les parens commencent aussi
de bonne heure à les décorer suivant la coutume nationale;
car aussitôt que leurs cheveux sont assez
longs pour cela, on les garnit d’os de poissons et de
dents d’animaux collés avec de la gomme. Des peintures
de chaux ornent leurs petits membres, et les
filles subissent l’amputation bizarre, qu’ils nomment
malgoun, avant même d’avoir quitté leur poste sur les
épaules de leur mère.
A peine âgé d’un mois ou six semaines, l’enfant
reçoit son nom. C’est ordinairement celui de quel-
DE L ’ASTROLABE. 417
qu’un des objets qui sont continuellement sous leurs
yeux, comme d’un oiseau, d’un animal, d’un poisson ;
il n’y a pour cela aucune cérémonie accessoire.
Les amusemens des enfans sont en petit les exercices
des hommes faits. Dès l’âge le plus tendre ils
s’habituent à jeter la lance et à en parer les coups. A
peine âgés de huit ans ils s’amusent à enlever les petites
filles, comme leurs pères ont fait pour leurs
mères, et ne les traitent guère mieux. De bonne
heure, ils aident leurs parens à la chasse et à la pêche.
Les enfans sont déjà sensibles aux insultes, et si
dans leurs jeux il leur arrive de recevoir d’un camarade
un coup trop fort, ils le rendent aussitôt dans le
même esprit de vengeance qu’à un âge plus avancé.
Ils ont beaucoup de talent pour l’art mimique, et se
plaisent à contrefaire la tournure du soldat, l’air, l’importance
d’un officier, et le maintien oisif d’un convict
paresseux. Si l’on sourit à leurs grimaces, ils en sont
enchantés, et se mettent eux-mêmes à rire aux éclats.
A l’âge de douze à quinze ans ils subissent l’opération
qu’ils nomment gna-noang, c’est-à-dire qu’on
leur perce la cloison du nez pour recevoir un morceau
d’os ou de roseau, ce qui, à leurs yeux, passe pour
un grand ornenient, bien qu’il rende l’articulation
des mots très-imparfaite. Cette opération ne se pratique
guère que sur les hommes, quoiqu’on ait vu ,
quelques femmes qui l’avaient subie.
C est aussi au même âge que les garçons reçoivent
les privilèges qu’ils acquièrent avec la perte d’une des
dents de devant. Durant son séjour dans le pays.