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192 NOTES.
qu’un casoar de très-haute taille que nous poursuivîmes sans
l’atteindre. A cinq heures nous rentrions à hord.
[Journal de M. Sainson.)
Les habitans du port du Roi-Georges, comme tous ceux des
plages de la Nouvelle-Hollande, sont peu nombreux et divisés
en petites tribus dont chacune paraît composée au plus d’une
vingtaine d’individus. Nous ne les avons point vus entièrement
réunis. Les groupes les plus nombreux avec lesquels nous
ayions communiqué comptaient à peine douze à quinze bommes
et quelques enfans, de dix à douze ans , qui pouvaient les
suivre dans leurs courses. Les femmes n’étaient jamais avec
eux; ct nous sommes fondés à croire que, par crainte ou par
jalousie, ils les cachaient avec soin. Il paraît même qu’elles
habitent assez loin des bords de la mer.
Le caractère de physionomie de ces hommes nous semble à
peu près le même dans toute la Nouvelle-Hollande, autant
qu’on peut en juger par les relations des voyageurs que par ce
que nous avons vu nous-mêmes à la baie des Chiens-Marins,
à la baie Jervis et à Port-Jackson. Il peut y avoir quelques
différences de localités, mais elles ne modifient pas essentiellement
le type général.
Les indigènes du port du Roi-Georges sont en général d’une
taille au-dessous de la moyenne-, cependant il y en avait quelques
uns d’assez grands parmi vingt-cinq à trente que nou.s
avons pu voir. Au premier aspect on est frappé de la maigreur
et de l’exiguité de leurs membres inférieurs; mais cette disposition
ne paraît point le caractère propre à ces peuples; elle
tient à l’état de misère dans lequel ils sont et au défaut d’une
nourriture suffisante pour le développement de ces parties. Ce
qui semble le prouver, c’est ce que nous avons vu dans ces parages
: des femmes d’une tribu de la Nouvelle-Hollande qui
habite vis-à-vis l’île des Kanguroos, et d’autres du port Dalrymple,
sur l’île Van-Diémen, prises dans cet état d’émaciation
NOTES. 193
par les Anglais qui font la pêche dos Phoques, vivant avec
eux, et faisant usage d’une nourriture abondante ct animale,
avaient leurs extrémités très-bien développées, ct même dans
un état d’obésité. Le même cas s’csl offert chez plusieurs individus
des peuplades de la Nouvelle-Galles du Sud. Quoi qu’il
en soit, cc earaçtèrc d’émaciation est si marqué chez les
hommes qui nous occupent, qu’il paraît singulier et vraiment
extraordinaire au premier aspect, et que le dessin que M. de
Sainson a fait d’un enfant semble être une vraie caricature : ou
dirait que ses membres inférieurs ne sont autre chose que le
fémur et le tibia recouverts de la peau.
Si le torse paraît plus développé ct plus trapu, on ne peut
l’attribuer qu’à l’exiguité des jambes, car il est généralement
maigre. Les bras rentrent aussi, mais un peu moins, dans cet
état de maigreur. Cependant le ventre est arrondi, ct a des
propensions, à devenir gros; ce qui s’explique facilement par
l’habitude qu’ont les peuples sauvages, exposés à de longues
abstinences, de prendre des allmcns outre mesure quand ils en
trouvent l’occasion.
Leur tête est assez grosse, la face un peu élargie transversalement;
l’arcade sourcilière très-saillante, d’autant plus
peut-être que leurs yeux, dont la sclérotique est blanc-jaunâtre,
sont très-enfoncés. Ils ont les narines plus ou moins aplaties
et écartées; les lèvres médiocrement grosses; les gencives
blafardes ; la boucbe grande, très-fendue, ornée de dents fort
belles, régulières et serrées, donl l’ensemble ressemble parfaitement
à ces mâchoires artificielles que l’on voit à Paris, au
Palais-Royal. Ils ont les oreilles médiocres ; les cheveux frisés
sans être laineux, mais dont la couleur naturelle n’est pas
facile à reconnaître , parce qu’ils sont toujours recouverts
d’une coucbe d’ocre , excepté chez les enfans qui les ont bruns
ou noirs. Leur barbe est rare et noire ainsi que les mous-
taches.
Leur couleur générale varie entre le noir peu intense ct le
noir rougeâtre. Leur maigreur est quelquefois si grande que
T O M E I .
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