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li)fi NOTES.
cillant cl p a r l a n t beaucoup ; ils poussaient de grands cris, et,
si n o u s leur répondions surlemême ton, leur joie était extrême.
Bientôt l’écliange de nom avait lieu , ct ils ne tardaient pas à
demander à manger, en se frappant sur le ventre. Dans une
nuit passée au milieu d’eux à terre , nous obtînmes assez facilement
leurs mots les plus usuels, ct ils ne ccssèreirt de nous
montrer les dispositions les plus bienveillantes. Ils nous suivirent
quelquefois dans nos courses; cependant nous devons dire
que constamment ils y montrèrent un défaut d’industrie ct une
sorte de paresse qui ne les portaient presque jamais à nous
aider dans certains travaux que d’autres hommes sc seraient
empressés de nous faciliter, comme, par exemple, lorsqu’il s’agissait
de porter nos collections, de clicrcber des coquilles, etc.
* Si le besoin de la nourriture ou tout autre motif les oblige
à s’éloigner du cantonnement où sont leurs cabanes, on les voit
errer eà et là par petits groupes de deux, trois ou quatre, rarement
de sept ou buit, ct ils ne craignent pas de s’établir en
plein air, sans aucun abri. Seulement Us allument du feu
auprès duquel ils ne cessent de grelotter. Et cependant nous
étions dans le printemps de l’hémisphère austral ! Que doll-ce
donc être l’hiver?.. Ces hommes de la nature, dont on a fait un
si brillant tableau, nous paraissent parfois bien à plaindre.
S’ils veulent passer la nuit quelque part, ils font très-promp-
tcment une petite cabane à peine suffisante pour les garantir
de la pluie.
Lorsqu’ils éprouvent de la peine, ils pleurent assez facilement;
c’est ce qui arriva à im vieillard retenu involontairement
à bord quelques instans de plus qu’il ne voulait. Ils
cliantent quelquefois, ou plutôt ils psalmodient. L’amour paternel
paraît assez développé chez eux , comme nous 1 avons vu
dans notre ami Patêt ; ce bon Australien prenait beaucoup de
soin de son jeune fils, Yaleponol, qui l’accompagnait dans sa
course , et qui vint avec lui à bord de l'Astrolabe.
Leurs instrumens n’annoncent pas une plus haute industrie
que leurs vêtemens et la construction de leurs cabanes. Ceux
de guerre sont de longues javelines minces cl droites, durcies
au feu, et pointues à une extrémité; nous n’en avons pas vu
d’autres. Les liaclies dont ils se servent ont la forme d’un
grossier marteau : c’est un morceau de pierre dure , de Scliislc
ou de Basalte, fixé à un manche grêle, à l’aide de la résine de
xantlioréa. Ils font des couteaux de la même manière, en appliquant
sur une même tige quatre ou cinq morceaux de
Quartz réunis entre eux avec le même ciment. C’est à l’aide de
pareils moyens qu’ils coupent les arbrisseaux qui les gênent
dans leur route, ainsi que nous l’avons vu assez souvent. Cc
qu’il y a de particulier, c’est que ces abattis de hautes bruyères
qui croissent dans les marais ont une forme dcmi-.spbèriqoe.
Lorsqu’ils s’aperçurent que nous voulions avoir de leurs ins-
trumciis, ils .s’empressèrent d’en faire pour nous, avec cette
différence qu’ils y mettaient moins de soin, puisque, dans la
confection des couteaux, au lieu de Quartz ils se servaient de
Feldspath qui n’offre ni la même dureté ni la même résistance.
Cest une branche de commerce à laquelle notre présence les
força de s’adonner. Ils obtenaient en échange nos petits couteaux
qu’ils .aimaient beaucoup , et du biscuit qu’ils aimaient
encore mieux. Celui de leurs travaux pour lequel ils déploient
le plus d’intelligence paraît être la construction de leurs pêcheries,
qui sont faites ou en pierres comme sur la rivière des Français,
ou avec de simples petits pieux. Le poisson entre, avec la
marée, par une petite ouverture qu’ils ferment aussitôt; c t ,
s il est .abondant, la pêche devient ainsi très-facile. L’état d’abandon
dans lequel étaient les pêcheries semblerait indiquer
que cette ressource est bien précaire.
Si notre approche n’a point étonné ces tribus, si elles se
sont empressées de communiquer avec nous, si nos armes à feu
ne les ont point étonnées, nous devons l’attribuer à la présence
des Anglais qui fréquentent ct habitent ces parages pendant une
grande partie de l’année, pour la pêche des Phoques. Et si
nous n avons pas vu les femmes des indigènes, il faut probablement
encore en chercher la eaiisc dans la présence de ces
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