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de ce côté, courut après moi en me criant de toute
sa foi-ce de retourner sur mes pas ; mais je tins bon,
et je réussis à gagner cet endroit. Je jugeai alors de la
vérité de mes conjectures ; les deux peaux étaient
étendues cbacune sur quatre lances et séchaient à
l’action dn feu ; la peau de la tète était fendue en
deux et pendait vers la terre avec les cheveux qui
y tenaient encore. Les plantes des pieds et les paumes
des mains pendaient aussi avec les doigts qui
y tenaient solidement. An-dessous des peaux, plusieurs
hommes et femmes étaient assis autour du feu
et m’invitèrent alors .à m’asseoir avec eux, ce que je
iis. Ils me donnèrent des bandelettes de peaux de
Kangarou pour m’en orner la tète et les bras , et désirèrent
m’entendre chanter pour les amuser; mais
leur ayant fait entendre que cela n’était pas convenable
, tant que les dépouilles de nos amis n’étaient
pas ensevelies, ils parurent étonnés et bientôt montrèrent
par leurs signes qu’ils étaient enchantés ' de
mon refus. Je restai assis avec eux une demi-heure
environ ; la femme du chef vint et me ramena dans
sa hutte ; peu après, tous les hommes, parés de peaux
de kangarou, et un d’entre eux vêtu de la vieille
jaquette que je portais sur moi, eurent avec une ou
deux des femmes une conférence autour du feu, tous
portant un tison allumé dans les mains. Au bout
d’une demi-beure de consultation, deux de la bande se
détachèrent, et, ayant pris les peaux, s’enfoncèrent à
toutes jambes au travers des bois, suivis partons les
autres qui poussaient de grands cris et faisaient beaucoup
de bi'uit. De ce moment, je ne revis plus les
peaux et je ne sais pas ce qu’ils en firent. Au bout de
trois quarts-d’heure tous étaient de retour ; celui qui
avait pris ma vieille jaquette me la rendit. Le lendemain
matin , nous nous remîmes en route et retournâmes
à Pumice-River par la même route que nous
avions suivie pour aller au combat. Ensuite les hommes
reprirent leurs occupations ordinaires de chasse
et de pêche, comme si rien n’était arrivé. »
Quant à la possibilité d’amener les naturels de la
Nouvelle-Galles du Sud à l’état de civilisation, ou
même à une condition moins sauvage , moins errante
que celle à laquelle la nature semble les avoir spécialement
destinés, c’est un espoir auquel les Anglais
paraissent avoir totalement renoncé. L’établissement
formé pour l’éducation des jeunes indigènes, dù aux
vues bienveillantes du gouverneur Macquarie, a été
peu à peu négligé et se trouve aujourd’hui complètement
abandonné. Malgré la multiplication rapide des
Européens sur ce sol étranger , cette race bizarre y
poursuit sa triste existence à peu près comme au temps
où ses membres en étaient les seuls possesseui’s. En
effet le gouvernement anglais ne les tourmente en
aucune manière ; pourvu qu’ils ne se permettent rien
contre les lois ou la police de la colonie , on peut assurer
qu’ils jouissent encore d’une liberté pleine et
entière. Du reste jaloux de m’appuyer à ce sujet d’un
témoignage irrécusable, je priai M. Marsden, chapelain
principal de la colonie où il réside depuis plus de