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LXX X V III RAPPORT
le co ntre-amiral d ’E n tre ca ste au x avait d o n n é le nom de
riv iè re d u Nord, p a rc e q u ’il se tro u v e au fond une riv iè re
qui re ç u t ce n om. Les Anglais o n t ju g é à pro p o s de le
ch an g e r, et l ’o n t appelée riv iè re D e rw en t; ils o n t nommé
la ville qui est su r ses rives H o b a r t-T ow n . M. d ’Urville
mouilla le 20 d écembre sous les m u rs de c e tte ville.
C ’est là q u ’il a p p rit que le capitaine Dillon avait tro u v é
su r les îles Mallicolo des traces de l’in fo rtu n é La Pé ro u se ,
et q u e , p o u r la p rem iè re fo is, il re ç u t des renseignemcns
certains su r la ro u te q u ’il devait suivre p o u r rem p lir l’o b je
t le plus im p o rta n t de sa mission.
Ces ren scignemens o b ten u s à H o b a r t-T ow n lui avaient
appris q u ’à l ’ile Ticopia il tro u v e ra it p eu t-ê tre des n a tu rels
ou quelqu’un des é tra n g e rs d o n t avait pa rlé le cap
ita in e D illo n , qui lui in d iq u e raien t la ro u te à suivre
p o u r se re n d re au lieu d u n aufrage de l ’in fo rtu n é La
Pé rouse.
M. d ’Urville se hâ ta de q u itte r Hobart - T own et de faire
ro u te p o u r se re n d re à cette île. Il y a rriv a le 10 fév rie r
1828. Il tro u v a effectivement le P ru ssien B u ch ert qui y
était a rriv é depuis p eu ; mais n i lu i, n i aucun des n a tu re ls
de l ’île ne v o u lu t co n sen tir à lui serv ir de guide. Tous
p a ru re n t effrayés de l ’influence pernicieuse d u climat marécageux
de l’île Mallicolo, que nous appellerons d é so rmais
V a n iko ro , p a rce que c ’est ainsi que M. d ’U rv ille ,
d ’après les communications q u ’il a eues avec les hab itan s
de l’île , a ju g é à p ro p o s de rectifier la p ro n o n c ia tio n de ce
nom.
Le 12 fév rie r on eu t connaissance des sommités de l ’île ,
mais ce ne fut que le 19 q u ’il fut possible d ’a p p ro ch e r les
cô te s, e t le 21 l’Astrolabe v in t mouiller e n tre les récifs
situés à la p a rtie o rientale de l’île. Des canots fu ren t
DE M. DE ROS.SEL. l x x x i x
immédiatement expédiés dans to utes les d irections p o u r
visiter les côtes, et c h e rch e r le lieu où les bâtimens de l ’expédition
de La Pé ro u se avaient fait n au frage. M. Jacqui-
n o t , embarqué en second sous les o rd re s de M. d ’Urville,
y fu t co n d u it p a r u n des n a tu re ls d u pays ; là il en v it les
m alheureux restes disséminés au fond des eaux d o n t la
tran sp a ren c e lui p e rm it de vo ir distin c tem en t des a n c re s ,
des c a n o n s , des b o u le ts , et une immense q u an tité de
plaques de p lom b , d o n t le témoignage irréfrag ab le a tte sta
it q u ’il se tro u v a it su r les lieux où n os malheureux
compatriotes avaient fait naufrage.
M. d ’Urville, après avoir c o n d u it VAstrolabe dans un
mouillage à l’ab ri de tous les v e n ts , pou rsu iv it ses re c h e rches
avec une nouvelle a rd eu r. La chaloupe fut expédiée
p o u r visiter les récifs de Pa ïo u e t de Vanou où les deux
bâtimens é ta ien t supposés avoir tro u v é le u r p e r te , et
tâ c h e r de re cu e illir quelques d ébris qui p u ssen t a tte ste r
que les bâtimens qui s’y é ta ien t p e rd u s é ta ien t véritab le m
en t ceux de La Pé ro u se . Une an cre de dix -h u it cents
livres et un canon c o u rt en f o n te , d u calibre de 8 , to u t
co rro d é s p a r la ro u ille , ainsi que d eux p ie rrie rs en cuivre
assez b ien co n se rv é s, co n firm èren t que les débris que l’on
avait sous les yeux é ta ien t b ien ré e llem en t ceux de l ’expédition
de La P é ro u s e , et re n o u v e lè re n t l ’impression p ro fonde
de re g re ts que sa p e rte avait occasionés.
M. d ’Urville vou lu t laisser u n témoignage des sentimens
qu ’il avait éprouvés su r les lieux mêmes où les b âtimens
de La P é ro u se avaient p é ri ; en conséquence u n m o n um en t
modeste, tel que le com p o rtaien t les moyens q u ’il avait à
sa disp o sitio n , fu t érig é en l ’h o n n e u r de La Pé ro u se et de
nos infortunés compatriotes. Son in au g u ra tio n eu t lieu en
présence de la majeure p a rtie de l ’équipage qui é tait des