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118 VOYAGE
1826.
Novembre.
pays, cpii in’a semblé de plus eu jilus agréable et fertile.
A la suite des grands bois d’eucalyptus dont j ’ai
déjà parlé, se trouvent de belles clairières entièrement
dégagées de broussailles; j’ai remarqué que
ces dernières localités offrent encore moins d’oiseaux
et d’insectes (juc les forets. Dans celles-ci certains
espaces bridés se sont recouverts de tapis d’une berbe
verte et ti'ès-tendre; cette végétation semble annoncer
(pie nos céréales et nos légumes d’Europe pourraient
également croître en abondance sur le sol de ces
forêts.
Les rocbers de la côte nous ont offert de petites
buîtres à bords plissés, fort bonnes à manger, des
moules cbevelues , et dans le sable se trouve une
auti'e espèce d’buître plus grande et plus succulente.
Sur cette rade, la pécbe est singidièrement abondante ;
un seul coup de seine rapporta une immense quantité
de poisson ; aussi les naturels, émerveillés d’un spec-
pi. X X X IV . tacle si nouveau pour eux, se livrèrent aux démonstrations
de la joie la plus extravagante. Quand
ils virent surtout que les matelots leur abandonnaient
plusieurs espèces peu délicates, comme les squales,
les balistes, etc., ils poussèrent des cris d’allégresse
si perçans, que, du bord où je les entendais, je craignis
qu’il ne fût arrivé cjuelque événement malbeureux.
Chaque jour deux bommes allaient dans le bot,
pécher à la ligne sous l’île Boswen, et revenaient
le soir avec deux quintaux du plus beau poisson
et de la qualité la plus exquise.
Durant notre court séjour nous avons joui sur
DE L’ASTROLABE. li!)
celte rade d’une température délicieuse el d’un air 182«.
pur et très-salubre. Ces divers avantages réunis me Novembre,
portent à croire que peu de mouillages méritent d ctre
comparés à celui-ci ])Our l’agrément et la sécurité.
Sans doute si les Anglais ont jusqu’à présent négligé
une station si intéressante et si bien à portée
de leur principal établissement de Port-Jackson,
c’est qu’une foule de points leur offrent des ressources
d’une auti'e nature et qu’ils ne sont arrêtés que
par l’embarras du choix.
Avant de terminer ce que j’ai à dire de la baie
Jervis, je dois mentionner deux buttes de sauvages
établies près de notre obsei’vatoire. Leur forme était
celle d’une rucbe oblongue de six à sept pieds de
bauteur ; elles étaient construites en larges bandes
d’écorces d’eucalyptus posées debout, rapprochées
au sommel, et recouvertes de gramens et de feuilles
de zoslera. Propres et spacieuses à l’intérieur, chacune
pouvait recevoir facilemenl une famille de huit à
dix individus , et annonçait, de la part des sauvages,
un degré d’intelligence supérieur à tout ce que je
connaissais. Nous avons vu des esquisses de cutters
et de chaloupes de leur façon sur les rocbers de grès
à la côte, assez bien tracées. M. Lottin, qui avait
oublié entre leurs mains une règle en bois de noyer,
la retrouva le lendemain enrichie de semblables dessins.
Dans leurs relations avec nous ils n’ont cessé de
montrer réunies, une probité, une douceur, et meme
une circonspection très-remarquables pour cette
classe d’hommes. Pas un d’eux n’a lenlé le moindre
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