M
i l
I ' : t-
!iÉ
» t ^
(■ ■'
i; 1
' ît"
[\.
T '
r i - i'
iin.
r,
tic courir risque de la vie. Ainsi il ny a point de précipices à
craindre. Tout ce qui a été dit à cc sujet est exagéré. Nous en
avions été prévenus d’avance par M. Bcrllielot, qui nous avait
dit au juste cc qui en était de ces prétendus dangers. Nous
crovous bien, par exemple, qu’il doit être difficile de passer,
sans quelques chutes, parmi ces pierres amoncelées, lorsqu’elles
sont on partie recouvertes par la neige ; ce qu’il n’est pas facile
de constater sans en approcher. A l’époque à laquelle nous y
étions, il y en avait encore assez abondamment sous les premières
couches de lave. Elle était en assez gros flocons cristallisés
et agglomérés. Nous en mangeâmes. Il arrive quelquefois,
d’àprès ce qu’on nous a d it, que le matin , avant qu’ou soit
joint par le soleil, le froid est vif, et devient insupportable aux
mains. Pour nous, ce ne fut qu’une grande fraîcheur. Dans
tous les cas, il est bon d’avoir des gants.
Nous faisions de fréquentes haltes qui me convenaient d’autant
mieux, qu’à la gène de respirer s’était joint un malaise
d’estomac en tout semblable au terrible mal de mer, que je
m’eiforçais de vaincre vainement; il dura tout le temps que je
demeurai dans ces liantes régions. Je le calmais un peu en mangeant
de temps en temps des biscolins que me donnait mon
ami Gaimard. Plusieurs personnes ont encore éprouvé cc symptôme
, qui a même quelquefois été jusqu’au vomissement. Ainsi
que le précédent, je ne l’avais jamais éprouvé sur les nombreuses
montagnes que j’avais gravies. Il est vrai que leur hauteur
ne dépassait pas sept ou huit cents toises.
D’un certain point notre guide aperçut et .salua le cône qui
s’élève du milieu du grand dôme , ct qn’on nomme e l Pilon. Au
sommet de cc grand dôme estime sorte de petite plaine hérissée
de massifs de lavesbasaltiques. Du milieu de quelques-unes sortent
des vapeurs aqueuses ct très-cbaudes, et des mousses tapissent
ces fissures brûlantes. De là nous voyions s’élever devant
nous ce piton que commençaient à dorer les premiers rayons du
soleil, et dont la pente, recouverte de petites obsidiennes mobiles,
était plus roide encore que tout ce que nous venions de
W î
franchir. Nous y parvînmes en nous aidant des pieds et des
mains. A la base on enfonce au-delà des chevilles; mais vers
le milieu on est facilité par des laves basaltiques plus solides
auxquelles on se cramponne. 1 1 est prudent d’aller tous de
front, et non les uns au-dessus des autres, afin d’éviter les
pierres plus ou moins grosses qu’on fait crouler avec les pieds.
Près du sommet sont de petites fumerolles à odeur de chlore ,
dont la chaleur permet à peine d’y tenir la main. Enfin nous
arrivâmes au cratère, qui est tout-à-falt au sommet du cône,
à six heures et demie, c’est-à-dire deux beures ct demie après
notre départ de la coucbéc. Le ciel était pur, sans aucun nuage,
avec cette teinte d’un)bleu sombre, propre aux grandes hauteurs.
D’après le récit de divers voyageurs, on y ressent toujours
de rapides courans d’air. Un vent de la partie du nord,
qui soufflait par raffales, interrompait seul le calme et le silence
qui régnait dans ces lieux. Quoique la température fût à i3",
nous ressentions assez de froid pour rechercher le soleil. A
cet effet, nous descendîmes au fond du cratère où nous déjeunâmes.
Cet entonnoir, qui semble maintenant réduit à sa plus petite
expression, occupe tout le sommet du dôme; il se dirige obliquement
à peu près du nord au sud ; ses parois sont irrégulières
et formées de gros blocs de basaltes blanchis par les émanations
sulfureuses. On ne peut y pénétrer commodément que par le
point où l’on arrive ; encore la pente intérieure est-elle rapide.
Le dedans offre un assez grand nombre d’ouvertures, ou fumerolles,
de quelques pouces de diamètre , laissant dégager une
grande quantité de vapeurs à odeur de chlore. Les bords de
quelques-unes sont tapissés de cristaux aciculaires de soufre,
et le sol est en partie imprégné de cette substance, de même
que d’efflorescences assez régulières d’alumine , et peut-être de
sulfate de fer. L’alumine y forme aussi une pâte blanche sur
laquelle on glisse. Le guide nous dit que les vapeurs étaient
quelquefois plus intenses et sortaient avec bruit. Celles que
nous voyions augmentèrent et diminuèrent pendant le peu de