cij)istes libres par servitude, quand leur bonne conduite
les a rendus dignes d’être réintégrés par le gouverneur
dans l’exercice des droits de citoyen, peut-être
pourrait-on former un système de jury également
sûr et efficace et moins sujet à objections à certains
égards que l’autre. Comme on a commencé dernièrement
à n’accorder des pardons dans la colonie que
pour une bonne conduite spéciale ou d’importans services
rendus à la société, il n’y aurait pas d’objection
raisonnable à élever contre lés émancipistes de cette
classe comme jurés; quant à ceux qui sont devenus
libres par servitude, dont la fortune et le caractère
leur ont donné des titres à la considération, il serait
également injuste de les exclure puisque ce n’est
qu’aux autres émancipistes libres par servitude considérés
en masse qu’on peut faire des objections, et
même des objections d’une nature très-réelle. Dans
une colonie, en effet, destinée autant à réformer qu’à
punir, le gouverneur devrait avoir le pouvoir de réintégrer
dans tous leurs droits de citoyen, ceux même
qui y ont été condamnés, quand leur conduite ultérieure
les en a rendus vraiment dignes.
» Quant à une Cbambre de représentans, si on se
rappelle les dissensions amères qui ont si long-temps
régné entre les émigrans et les émancipistes , et si l’on
fait attention que ces derniers composeraient au moins
les quatre cinquièmes des électeurs, il est évident que
non-seulement une telle mesure ne tendrait qu’à ranimer
ces discordes que le gouverneur actuel a presque
assoupies, mais encore qu’elle livrerait le corps entiei*
des émigrans à la merci de la faction des émancipistes.
Cependant ces deux objets, savoir une assemblée
représentative et le véritable jugement parjurés, ont
été sérieusement proposés comme les meilleurs moyens
de rétablir l’barmonie. Mais comme les bommes de
loi sont des singes, des lopæans, toucbant cette prétendue
harmonie, nous sommes naturellement disposés
à admirer quelle raison a pu tout-à-coup produire
cette réforme jusqu’alors inconnue dans les
principes d’un corps dont la discorde même est le
véritable aliment.
» Sans doute il n’y aura pas d’homme doué d’un
jugement ordinaire qui puisse soutenir honnêtement
que, dans un état de société sain, un conseil élu par le
souverain puisse être aussi utile et aussi agréable pour
la communauté entière, qu’un corps de représentans
élu par le peuple ; mais aussi personne n’ose avancer
que cet état sain de la société existe aujourd’hui dans
la Nouvelle-Calles du Sud. Une centaine de membres,
au jugement des partisans d’ime assemblée élective,
est le moindre nombre dont puisse se composer la
Chambre, afin de résister à l’influence que le gouverneur
serait plus capable d’exercer sur une moindre
quantité, et ils ne se donnent pas la peine de réfléchir
un moment aux maux qui résulteraient pour la colonie,
dans l’état actuel des choses, de la nécessité où se
trouveraient cent des plus riches et des plus opulens
de s’absenter chaque année, durant six semaines au
moins, de la surveillance des criminels employés pour
leur compte, sans parler du tort que leurs propres