1828.
Juiu.
De là notre guide nous conduisit à la Cneva de la
Nieve, grotte naturellement formée au milieu des
amas de lave, abaissée de dix à douze pieds au-dessous
du sol, et disposée en voûte assez régulière, oblon-
gue, de trente pieds de large, et peut-être triple en
longueur. Nous attacbûmesM. Quoy avec une corde
par le milieu du corps ; il put ainsi descendre dans la
grotte, tandis que nous le soutenions. Une masse
d’eau, qui en occupait la majeure partie, était presque
entièrement gelée, et nous offrit une espèce de con-
fe r v e dont M. Quoy recueillit des écbantillons qui
furent ensuite perdus dans le voyage.
De retour à neuf beures au lieu où nous avions
passé la nuit, sur-Ie-cbamp nous nous remîmes en
roule. Quelque temps je pris le devant à pied pour
ramasser encore des plantes, et surtout du Viola teydensis;
ensuite je remontai à cbeval el n’en redescendis
guère. La route avait presque entièrement détruit
la paire de souliers que j ’avais emportée, qui
la veille au matin était encore fort bonne. Nous nous
étendîmes sous le beau pin de dornajito (petite auge)
pour faire un léger déjeuner au milieu de la région
des nuages ; j’errai le long du ravin, glanant quelques
plantes curieuses, et M. Quoy découvrit des Par-
macelles. Ce pin, qui est le canariensis, est le seul
que l’on rencontre en ces lieux.
En rentrant à l’Orotava, nous trouvâmes la population
en mouvement et dans ses babits de gala pour
la fête solennelle et les processions de la Candelaria.
MM. Bertbelot el Aubert nous accueillirent de noii-
; iülveau,
et nous entretinrent fort agréablement des connaissances
qu’ils avaient acquises sur les lieux.
Le premier surtout, parfaitement au courant de
l’bisloire des Canaries par Vieja y Clavijo, nous
donna une foule de détails sur la race infortunée des
Guancbes, sur les cavernes funéraires qu’il avait visitées,
sur les objets qu’il y avait trouvés et sur ce qu’il
se proposait encore de faire.
Dans la soirée il me donna des plantes desséchées,
ainsi que des insectes du pays, et, sur le désir que je
lui témoignai, il consentit à m’accompagner le lendemain
à Santa-Cruz. Je préparai ensuite les plantes
que j’avais recueillies et qui formaient une masse assez
considérable.
D’après ce que j ’ai vu moi-même, et l’examen des
insectes de M. Berthelot donl le petit nombre peut
s’élever à cent soixante au plus, j’ai conclu que tous
appartiennent à l’Europe méridionale, excepté un seul
papillon que j ’avais trouvé deux ans auparavant à
l’Ascension. Encore M. Berthelot m’affirma que cet
insecte ne se rencontre à Ténériffe que depuis que l’on
y cultive VAsclepias fruticosa. Les papillons les plus
communs de l’île sont: le Cardai, le Daplidice, le
Brassicoe, VHyale et Moera.
J’avais emporté l’un des baromètres de Bunten;
mais il fut cassé dès Laguna par la sottise du guide
maladroit auquel je l’avais confié, et nonobstant mes
recommandations instantes. Cette perte me fâcha
d’autant plus que je manquais par là l’un des principaux
fruits de mon voyage, la détermination précise
182O.
J u in.