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186 NOTES.
quelquefois pour la pêche de la morue. Est-ce réellement de la
morue ? Et, dans le eas contraire, quelle est cette espèce si abondante
de poisson?
[Jou rna l de M. Quoy.)
P A G E 9 7 .
Ils étaient très-contens de leur nuit et de leurs
communications avec les naturels.
Le 1 1 octobre, le commandant nous accorda la permission
d’aller coucher sous la tente que nos voiliers occupaient à terre;
nous voulions le lendemain commencer, à la pointe du jour,
une promenade danslcs forêts. Il était six heures du soir lorsque
MM. Gaimard, Guilhert et moi, nous descendîmes dans le canot;
l’obscurité commençait, ct la pluie tombait avec assez de
force. Un naturel, qui avait passé la journée à bord, désira
profiter de notre embarcation pour quitter le navire. Durant
le trajet, ce pauvre bomme, bien que garanti par les vêtemens
que les matelots lui avaient donnés, paraissait souffrir du
froid, et s’apercevant que M. Gaimard allait tendre son parapluie
, il vint aussitôt se blottirprès de lui.
Notre débarquement offrit quelques difficultés; une grosse
houle battait les rochers de la pointe à laquelle nous allâmes
aborder. Nous n’étions pas à une grande distance de la tente,
mais au milieu des ténèbres qui régnaient alors nous aurions
pu nous égarer. Nous chargeâmes donc notre indigène de nous
guider ; il parut comprendre nos signes, et se mit à marcher assez
rapidement devant nous en nous adressant sans cesse des paroles
que nous prîmes pour des indications complaisantes sur le chemin
que nous devions tenir. Un petit marécage se rencontra
bientôt ; nous vîmes alorsnotre guide, pour le traverser, ôter les
souliers qu’on lui avait donnés à bord, et relever soigneusement
le pantalon qu’il portait. Lorsque nous jugeâmes que le
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terme de notre course n’était pas éloigné, nous poussâmes
quelques cris auxquels un assez grand nombre de voix répondirent;
le naturel ayant crié à son tour d’une façon particulière,
nous entendîmes des acclamations dejóle et d’étonne-
ment, ct peu d’instans après en perçant quelques broussailles
nous étions en présence des sauvages.
Une douzaine d’hommes et deux jeunes garçons étaient debout
autour d’un feu. Dès qu’ils nous découvrirent, les cris recommencèrent
; mais lorsqu’ils vinrent à distinguer leur compatriote
couvert de vêtemens, et décoré de colliers, de miroirs,
enfin de mille bagatelles dont on lui avait fait |)résent, il n’y
eut plus de bornes à leur gaieté. Tous se mirent à hurler et à
chanter à la fois, et c’était un spectacle du plus étrange effet,
que ces êtres noirs et maigres éclairés par le reflet des flammes,
s’agitant, sautant, et poussant des sons qui ressemblaient à des
aboiemens. Qe temps en temps un cri aigu et général paraissait
servir de refrain à leurs chants, car toutes les voix s’accordaient
pour le pousser, et il était suivi d’une courte pause. Notre
sauvage, cependant, était fêté, caressé, examiné par scs amis;
chaque fois qu’une nouvelle merveille frappait leurs regards,
les transports renaissaient plus vifs et plus bruyans encore ; et
lui, pour répondre à tant de politesse, poussait de longs éclats
de rire , et s’unissait d’une façon très-énergique au bruit assourdissant
de la joie commune. (P l. 23).
A ce tumulte inusité, nos voiliers et nos soldats qui habitaient
la tente jugèrent qu’il se passait quelque événement extraordinaire
; ils accoururent sur le lieu de la scène comme
pour ajouter un contraste piquant à ce bizarre tableau. Enfin,
la lassitude parut mettre fin à ce délire général, et nous nous
acheminâmes vers la tente afin d’y préparer les places que nous
voulions occuper durant la nuit.
Sept indigènes se détachèrent bientôt du groupe principal,
et vinrent établir leur siège non loin de notre factionnaire. Ils
choisirent suivant leur usage l’abri d’un buisson touffu, et s’accroupirent
autour du feu alimenté sans cesse par de petites