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mêmes Anglais qui en ont enlevé plusieurspouiTeurproprc service.
Elles leur sont d’.-iilleurs de la plus grande utilité pour
leur procurer leur subsistance, soit en prenant des poissons,
des coquillages, des lézards, etc., soit en chassant avec les
chiens et même a\ ec les fusils. Elles deviennent promptement
fort habiles dans cc dernier exercice. Une fois que ces malheureuses
femmes ont perdu le souvenir de leur état de liberté,
dans lequel cependant elles sont maltraitées par leurs maris,
elles ne peuvent que trouver agréable la vie qu’elles mènent
avec les Européens qui ont pour elles beaucoup plus d’égards.
Nous tenons de plusieurs de ces pêcheurs, abandonnés par
leur navire plus long-temps qu’ils ne pensaient, qu’elles leur
furent d’un extrême secours , et que sans elles ils seraient peut-
être morts de misère. C’est probablement à elles que nous devons
presque tous les Scinques que nous possédons, animaux
dont nous n’avions pu prendre que quelques individus, et dont
les Anglais nous apportèrent un très-grand nombre contenus
dans plusieurs sacs.
Nous mentionnerons ici deux indigènes, homme et femme,
nés dans une contrée péu éloignée du port du Roi-Georges, la
partie de la N ouvelle-Hollande qui est située vis-à-vis l’île des
Kanguroos. Leur caractère de physionomie ne paraissait pas le
même que celui des individus que noirs venons d’esquisser;
il est vrai qu’il s’était amélioré par leur séjour avec les Anglais,
et que ces deux indigènes n’étaient pas déguisés par les sales
peintures dont los premiers se couvrent. Ils étaient noirs; ils
avaient la peau lisse; les cheveux longs, lisses et noirs. Leurs
yeux n’étaient pas très-enfoncés, mais la partie inférieure de
la face proéminait un peu. Ils avaient l’air plus intelligens que
les naturels du port du Roi-Georges, sans qu’on puisse indiquer
par la description en quoi consistait cette différence.
Les Anglais vinrent àbord avec deux femmes du port Dalrymple,
situé, comme l’on sait, sur la côte septentrionale de
l’île de Van-Diémen , que quelques géographes désignent sous
le nom de Tasmanie. Cbcz elles, le caractère de la pbysio-
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nomie était tout différent de celui des deux précédeiis; c’était
presque celui du nègre : les pommettes larges , les lèvres
grosses, proéminentes, s’alongcant en une sorte de museau.
Dans l’une d’elles surtout, ce caractère était très-marqué ; cependant
le front ne fuyait point trop en arrière. A ces traits
nous ne pouvons point réunir l’aspect et la nature des cheveux,
parce que ces femmes les ont coupés très-ras, à l’exception
d’un cercle qui entoure le sommet , ct qui est formé de
cheveux dont la longueur est à peine de quelques lignes :
disposition assez justement comparée par Cook à la tonsure
des moines romains. Il nous a paru toutefois qu’ils avaient
de la tendance à se friser. Nul doute que le type de leur physionomie
ne soit pris par des observateurs superficiels ou peu
attentifs pour le type nègre, quoiqu’il y ait des différences
réelles. Ces deux femmes, excessivement maigres, et semblables,
sous ce rapport, aux indigènes du port du Roi-Georges,
lorsque les Anglais les prirent, avaient acquis depuis cette
époque beaucoup d’embonpoint, surtout l’une d’elles qui était
presque dans un état d’obésité. C’est par elles que nous fûmes
convaincus que la maigreur des habitans du port du Roi-
Georges n’était point naturelle, et dépendait uniquement de
leur misère.
Le langage des habitans du port du Roi-Georges est excessivement
doux : c’est une sorte de gazouillement produit par
le concours des voyelles. Il nous a paru que plusieurs lettres,
telles que le^, I’i, etc., ne pouvaient être prononcées par eux,
et qu’ils les changeaient, la première en h, et la seconde en t.
Ainsi, ils disaient Tainton. pour Sainson, Raima pour Gaimard.
A l’exception des noms de Quoy ct de Collinct qu’ils
prononçaient parfaitement, ils estropiaient presque tous les
autres mots ; ils disaient Tchioulérouvil et Turvil pour d’Urville,
Pélanté pour Bellangcr, etc. Des détails plus étendus
sur leur langage doivent être renvoyés plus loin, lorsqu’il sera
question du vocabulaire des différens peuples que nous avons
visités. [Jo'Jtrnnl zoologique de M M . Quoy et Gaimard.')
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