en avril et mai, les naturels de Tinlérieur, particulièrement
du pays d’Argyle, se portèrent souvent à des
actes hostiles envers les cultivateurs et les bergers ;
ils commirent même quelques meurtres. A cette occasion
un habitant de la colonie inséra dans le Monitor
un article où il affirmait que toutes les mesures de douceur
qu’on emploierait vis-à-vis des naturels seraient
inutiles el même funestes ; qu’en conséquence il fallait
avoir recours de suite à des mesures de rigueur pour
les épouvanter et arrêter leurs excès.
Le rédacteur du Monitor répondit à ces conseils
par l’article suivant. [2 juin 1826, n. 37.)
« N ous avons inséré une lettre d’un de nos corres-
pondans, touchant la conduite à observer à l’égard
des indigènes dans les temps d’hostilité, parce que
nous aimons les avis, même quand nous croyons la
thèse erronée et la conclusion plus que douteuse.
Nous sommes d’accord avec l’auteur sur la partie de
sa note qui décrit le caractère et les habitudes politiques
(si toutefois on peut accorder cette épithète à
leurs notions confuses d’obéissance politique) des naturels
d’Argyle, ainsi que de ceux de Bathurst, de
Hunter’s-River et de Cow-Pastures. Au reste, le
moyen péremptoire qu’il indique nous déplaît extrêmement.
A Tégard de ceux qui ont à l’employer, il
peut être admirablement expéditif et commode, mais
sa nature tient de trop près au pouvoir absolu pour
nous convenir. Nous sommes, au contraire, pour la
modération, la magnanimité et l’oubli, précisément
dans le même rapport que notre pouvoir dépasse celui
de ces pauvres noirs, peuple généralement innocent,
simple et d’un bon naturel, peuple dont nous avons
occupé le territoire sans prendre même la peine de
dire aux possesseurs : Avec votre permission ; et qui
nous ont aidés de leur personne à exploiter les plus
belles portions de leur territoire, se contentant en
retour de visiter deux ou trois fois par an nos huttes
nouvellement construites, et dc recevoir avec un sourire
de satisfaction, comme prix de leurs plus riches
domaines, quelques gallons de rak, quelques choux,
ou une once de tabac pour le chef el un peu de sucre
pour sa femme. Nous nous rappelons d’avoir voyagé
seul dans le district d’Argyle, peu de temps après sa découverte;
nous avions établi une case vingt milles au-
delà d’une station qui se trouvait elle-même à trente
milles de l’établissement le plus voisin et d’un seul côté.
Les bergers dans ces temps étaient complètement à la
merci des naturels, et le voyageur isolé Tétait encore
bien davantage. Cependant Tamour de la paix et la
fidélité caractérisaient la conduite de ces tribus bienveillantes
et faciles à contenter. Nous avons souvent
été charmés de la confiance absolue qu’ils accordaient
à nos paroles, prenant ce que nous disions pour la
vérité même de l’Évangile. Cette confiance a duré jusqu’à
Tépoque où nos bergers, étourdis avec leur ridicule
amour des plaisanteries, leur ont raconté tant d’insignes
mensonges que maintenant ils vous répondront
souvent d’un ton interrogatif : Plaisantez-vous? Néanmoins
ces peuples ne se fâchent jamais de ce piège