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40fi VOYAGE
Cetlc operation, qui s’cxéculc ordinairement dans la
jeunesse, laisse des traces durables et qui ne s’effacent
qu’au déclin de l’àge.
Les femmes sont jiarticulicrement assujetties à une
opci'ation bizarre ; c’est la perte des deux phalanges
dn petit doigt de la main gauche. Elle a lieu quand
elles sont encore très-jeunes, et sous le prétexte
(]ue ces phalanges les gêneraient pour rouler leur
ligne de pêcbe autour de leur main. On lie étroitement
avec un cheveu la seconde articulation, ce qui
arrête la circulation du sang, et le bout dn doigt
tombe ensuite en putréfaction. Très - peu de fdles
échappent à cette mutilation, et celles qui ne l’ont
pas subie sont traitées avec mépris.
De leur côté, les bommes, surtout ceux qui habitent
la côte, doivent aussi perdre la dent de devant
, et nous décrirons plus loin cette opération.
Du reste, on remarque chez eux très-peu de difformités
naturelles; on n’a vu siir le sable qu’une
ou deux traces de pieds contrefaits. Il n’y a ni bossus
ni tortus; cependant on ne voit nulle part ailleurs
des femmes aussi négligentes pour leurs enfans,
auxquels il arrive souvent de rouler dans le feu
et de s’y brôler horriblement, quand leurs mères
dorment près d’eux. Ces peuples sont très-difficiles
à éveiller quand ils sont une fois endormis.
HABITATIONS.
Elles sont aussi grossières qu’il soit possible de
DE L ’ASTROLABE.
l’imaginer. La hutte de l’babitant des bois se forme
d’nne simple écorce d’arbre, courbée dans le milieu,
jilacée par les deux bouts contre terre, et tout au
plus capable d’abriter imparfaitement le malheureux
qui sen sert. Jamais ils ne les transportent avec
eux. *
Sur le bord de la mer, ces huttes sont plus grandes
, formées de plusieurs morceaux d’écorces réunis
au sommet, de manière à former une espèce de four
avec une entrée, et assez grand pour contenir six à
buit personnes. Leurs foyers sont plutôt placés à
l’entrée qu’en dedans de la hutte, et son intérieur
est en général le trou le plus sale et le plus enfumé.
Outre ces cases d’écorces, ils se creusent aussi des
cavernes dans les rochers. Au devant de ces grottes,
le sol se faisait remarquer par sa fertilité : en creusant
la terre, on trouva quantité de coquilles et
autres débris. Cette découverte devint d’un grand
avantage pour la colonie; des coquilles on fit de la
chaux, et le reste servit d’engrais pour les jardins.
Les naturels s’étendent pèle - mêle confondus ,
bommes, femmes, enfans, dans ces huttes et ces
grottes où ils jouissent des mêmes avantages que la
brute dans sa niche, savoir de l’abri contre le mauvais
temps et des douceurs du sommeil, si aucun
ennemi ne vient les y troubler.
Ils font très-peu de cas des maisons des Européens,
ils n’attachèrent aucun prix à celles que le gouverneur
Macquarie avait eu l’attention de leur faire bâtir;
aussi tombèrent-elles bientôt en ruines. Un jour leur
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