1826.
Janvier.
: I >
Jiv
En même temps je faisais venir d’Angleterre les
cartes et les ouvrages qui devaient m’être utiles.
D’après le désir que j’avais exprimé, M. Gaimard visitait
les musées d’histoire naturelle d’Angleterre el
de Hollande pour reconnaître leurs richesses et s’assurer
des objets qui pouvaient manquer au nôtre ;
les autres membres de l’expédition se préparaient aux
travaux qu’ils allaient entreprendre.
11 m’est doux d’avoir à rappeler que toutes les demandes
que j’adressai au ministère dans l’intérêt de
la mission, me furent incessamment accordées; et
l’ordre fut dirigé vers le port de Toulon de tenir en
réserve pour l’Astrolabe un équipage d’hommes d’élite.
Par là je me flattais d’avoir prévu les obstacles et
de n’avoir plus qu’un armement prompt et facile à
exécuter, de manière à appareiller le 1 “’^ avril suivant,
terme que j ’avais assigné pour notre départ.
Dans cet espoir, je quittai la capitale et arrivai à
Toulon le 28 janvier 1826. Là, je fus bien contrarié
de voir qu’il n’avait pas été possible de me former
un équipage de choix. Durant tout le premier mois,
il me fallut procéder à l’armement avec sept ou huit
hommes au plus. Les classes stériles, malgré les
ordres donnés, ne produisaient personne, et je me
vis enfin conlraint de recevoir des sujets qui n’étaient
nullement propres à une pareille campagne.
Heureusement j’avais pu m’entourer de bons maîtres,
et les officiers mariniers méritaient aussi quelque
confiance ; ce fut sur eux, et surtout sur l’aide des
officiers, que s’arrêta tout mon espoir. Ces derniers
ne le trahirent jamais, et c’est à leur dévouement
infatigable que j’ai dû le salut de la mission et ses
glorieux travaux.
Le 10 mars, M. Lottin arriva avec la plupart des
instrumens de physique et d’astronomie. Les cinq
thermométrograpbes de Bunten, destinés à observer
la température de la mer à de grandes profondeurs,
furent tous cassés. L’artiste Spinelly de Marseille ne
put les réparer, et j’en demandai d’autres au dépôt de
la marine. Sur-le-champ M. Lottin exécuta les observations
d’inclinaison et d’intensité magnétiques recommandées
par l’Institut.
Une des chaînes-câbles en fer de trois cents mètres
que j’avais demandée arriva le 18, et se trouva beaucoup
trop pesante pour notre corvette. Sur mes représentations,
je n’en embarquai que la moitié, et obtins
du ministre l’autorisation d’acheter l’autre en
voyage el dans la dimension que je trouverais convenable.
Cet article de première nécessité pour les recherches
que je me proposais, devint l’objet de mes
plus vives sollicitudes; jusqu’au moment où je pus
me le procurer, mon imagination, inquiète sur le succès
de mes efforts au travers de ces îles semées de
coraux, fut sans cesse agitée de la manière la plus
pénible.
L’Astrolabe est conduite en rade le 28 mars ; les
médailles de l’expédition et mes instructions me sont
remises le 13 avril. L’équipage n’est au complet que
le 17, et le 22 au point du jour je me prépare à
partir.
182Ü.
Mars.