■rances p en d an t l ’e.xpédition de M. d ’ü rv ille , e t , p a r un
de ces liasards h eu reu x qui so n t h o rs de la prévoyance
h um a in e , il a aussi re tro u v é des traces de l ’expédition de
La Pé ro u se : que s’il n ’a pas p u jo u ir d ’u n b o n h e u r comp
le t en ram en an t dans leu r p a trie quelques-uns de ses
in fo rtu n é s compagnons de voyage , M. d ’Urville a eu du
moins la consolation de leu r élever, su r le lieu même de
le u r d é s a s tre , u n m o n um en t qui tém o ig n era l ’in té rê t que
leurs compatriotes o n t p ris à leu r s o r t , e t les re g re ts que
le u r p e rte n ’a cessé d ’in sp irer dans les lieux où ils on t
p ris naissance.
M. d ’Urville s ’est a ttaché avec u n zèle e t u n e pe rsév é ran
c e infatigables à rem p lir tous les objets de la mission
q u ’il avait re çu e ; il a été secondé avec le même zèle et
un e activité su rp ren an te p a r tous ceux qui o n t servi sous
ses o rd res : les ré su lta ts de sa campagne so n t immenses.
Cinquante-trois cartes ou plans des cô te s, des p o rts ou
mouillages, o n t été rédigés p en d an t la campagne , douze
au tre s plans ou cartes n ’o n t été qu ’esquissés. Les cartes
terminées o n t été levées d’après les meilleures m éth o d e s,
e t rédigées avec un soin dig n e des plus g ran d s éloges.
Elles d o n n e ro n t aux n av igateurs qui v isite ro n t les mêmes
p a ra g e s , le moyen de se co nduire avec la plus g ran d e
sécurité. Les cartes ou plans incomplets a u ro n t sans
do u te la même précision.
Les dessins destinés à faire co n n aître l’aspect des lieux,
l ’espèce d ’hommes qui les h a b ite , leurs co stum e s, leurs
a rm e s , leurs h ab ita tio n s, e tc ., so n t très-n om b reu x ; ils se
m o n te n t à h u it c en t soixante-six : on les doit à M. de
Sainson. Si à ce n om b re déjà assez considérable on
ajoute q u a tre cents dessins de vues de c ô te s , p a r M. Lau-
v e rg n e , la to talité des dessins qui so n t le fru it de la
campagne de M. d ’Urville se p o rte ra à douze cent
soixante - six , consacrés seulement aux parties histo rique
et n au tiq u e du Voyage. Sans doute il sera impossible
de les p u b lie r en totalité ; mais M. d ’U rv ille , p a r
un choix judicieux et rempli de g o û t , en re tra n ch e ra les
dessins qui offrent u n mo in d re in té r ê t; l ’on p e u t s ’en
ra p p o rte r au disc ern emen t qui le g u id era p o u r ê tre p e rsuadé
que les savans et les curieux n ’a u ro n t rien d ’essentiel
à re g re tte r. J e n ’en tre ra i pas ici dans les détails de
tous les diiFérens titre s sous lesquels on p e u t com p ren d re
la masse considérable des dessins d o n t il vien t d ’être
question ; je n e puis cep en d an t passer sous silence les
réflexions que m ’a suggérées la belle collection des p o rtra
its des h ab itan s, composée de c en t cinquante-trois
figures.
Dans les Voyages publiés ju sq u ’à p r é s e n t, o n n e tro u v e
que des p o rtra its iso lés, et en p e tit n om b re. Ils on t fait
co n n a ître , à la v é rité , les tra its e t la conformation de
quelques races d ’hommes; mais la collection de M. d ’Urville
offre un bien plus g ra n d in té rê t, en raison du g ran d
n om b re de p o rtra its d o n t elle est composée. Cette collection
rep ré sen te les tra its et la conformation de p lusieurs
individus choisis dans chacune des races d ’hommes q u ’il
a eu occasion de voir p e n d an t son voyage. Elle nous
fait co n n aître les gran d s caractères p ro p re s à d istin g u e r
celles qui diffèrent le plus e n tre e lle s , en même temps
q u ’elle met sous les yeux les diverses nuances p a r lesquelles
de légers changemens se laissent ap ercevoir dans
plusieurs races d iffé ren te s, et lie n t ces races e n tre e lle s ,
ainsi q u ’il a rrive à l ’ég ard de- tous les au tres êtres de la
n a tu re . Cette collection , d o n t les dessins paraissent être
d ’une g ran d e fid é lité , mérite donc de fixer particulière