du tabou ou tapou, cette privation volontaire cpi’ils
ont jugé à propos de s’imposer pour plaire à la divinité
ou apaiser sa colère, et qui donne une couleur
toute particulière à leurs cérémonies et à la plupart
de leurs actions. Cette superstition s’est étendue des
îles Sandwich aux rives de la Nouvelle-Zélande, mais
elle n’a point pénétré dans l’Australie ; et cette raison
suffirait pour placer les tribus de ce continent dans
un système tout-à-fait à part, indépendamment de
mille autres raisons tirées de leur organisation physique
, de leur langage et de leurs moeurs. Bien que
je sois contraint de remettre à un autre temps ce que
j’ai à dire au sujet du tabou et de ses suites, je m’empresse
d’annoncer, touchant l’étymologie de ce mot,
une conjecture qui m’a paru fondée. M. Adelbert de
Chamisso annonça il y a quelques années, dans son
Appendix au Voyage de Kotzebue, que ce mot paraissait
avoir une origine hébraïque; mais ce voyageur,
lors du séjour qu’il fit à Paris en 1825, m’avoua que
cette origine ne s’était point vérifiée. Comme j’en
parlais un jour avec M. J. J. Marcel, ce savant polyglotte
me fit observer sur-le-champ qu’en langue arabe
le mot tabou signifiait littéralement, ils ont expié.
Le motif du tabou est toujours une expiation chez
les naturels, et il ne serait pas du tout étonnant
que le mot qui désignait le but de l’action ait été par
la suite employé pour l’action elle-même. C’est un
fait qui se renouvelle chaque jour dans toutes les
langues du monde. En conséquence, celte étymologie
me semblerait assez naturelle, d’autant plus
que, lors de la discussion des langues de l’Océanie,
je me propose d’indiquer quelques autres mots dont
l’origine est évidemment arabe.
Voici les observations de M. J. J. Marcel lui-même
touchant l’origine du mot tabou .
« Le mot tabou peut avoir de l’analogie avec les
mots de l’arabe littéral tawboun et tawbou, tawba-
toun et tawbatou, pénitence, repentir, expiation de
crimes ou de fautes. Ces mots se retrouvent dans
l’arabe vulgaire où l’on a taubah, pénitence, repentir;
tâ y b , pénitent, repentant. Ce dernier mot est
aussi de l’arabe littéral sous la forme de tâyboun
et tâybou.
» Ces mots ont passé dans la langue persane, où
l’on trouve toubah et tawbah, pénitence, repentir,
expiation; tâyb, un pénitent, un bomme qui se re-
pent et qui expie. Ces mots viennent de la racine
arabe tâb, qui est employée en cent endroits du
Koran, et qui signifie proprement, se convertir,
changer de vie, être repentant, expier ses fautes.
Ce terme s’emploie même pour indiquer que Dieu
accorde aux hommes la vertu de se repentir et qu’il
agrée leur expiation.
» Une expression arabe, dérivée de la même racine
arabe, est tâbout, qui signifie proprement un cercueil.
» Enfin, taouboun (la pénitence ou l’expiation)
est encore la lettre du chapitre IX du Koran. »
Dan,S cette espèce d’essai sm* la Nouvelle - Galles du Sud , on a dù s’apercevoir
que je ne suis entré dan.s aucun développement touchant la topo