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Les sécheresses excessives qui avaient duré si longtemps
et avaient cause tant de tort aux moissons ,
furent suivies en mars de pluies abondantes qui durèrent
plusieurs jours et ranimèrent en tous lieux la
végétation anéantie. Sur les bords de FHawkesbury,
les crues d’eaux eurent des suites funestes. Cette
rivière, en peu d’heures, sc gonfla jusqu’à la hauteur
de cinquante pieds au-dessus de son niveau ordinaire,
et acquit une telle rapidité qu’elle entraîna tout ce
qui se trouva sur son passage. Les magasins du gouvernement
, les maisons des fermiers, avec leurs effets
et une grande partie des bestiaux, furent submergés et
détruits. Plusieurs habitans eurent à peine le temps
de se sauver en canots, et cependant il n’en périt
qu’un seul. Toute la contrée environnante offrit bientôt
l’aspect d’un lac immense.
La perte fut d’autant plus grande que les fermiers
n’ayant reconnu d’avance aucun symptôme qui pùt
causer cet accident, ne s’y étaient nullement préparés.
Cependant les naturels, qui l’avaient prévu,
avaient averti les fermiers, mais ceux-ci n’avaient voulu
tenir aucun compte d’un si important avis. Nul doute
que l’inondation n’eût été causée par des pluies abondantes
qui avaient tombé dans l’intérieur des montagnes
, et qui ne purent trouver d’autre débouché que
celui de la rivière dont le lit se trouva subitement grossi
d’une manière si extraordinaire.
Ln avril le bruit courut que les équipages de deux
bateaux envoyés pour charger du charbon de terre
sur les bords de la rivière Hunier, avaient été taillés
en pièces par les naturels. Le gouverneur envoya à
leur recherche Hacking avec sa baleinière bien armée.
Celui-ci tomba sur un fort parti de sauvages auxquels
il demanda ce qu’étaient devenus les Européens.
Les naturels répondirent qu’ils étaient repartis pour
Sydney; mais comme il vit entre leurs mains les voiles,
les couvertures des hommes, et leurs divers effets,
celte réponse ne satisfît point Hacking. Il les menaça
de faire feu sur eux s’ils ne disaient pas la vérité sur-
le-champ, et les coucha en joue. Les sauvages se moquèrent
de lui, et lui signifièrent que s’il ne se retirait
pas en laissant le canot et même celui dans lequel il
était venu, ils l’allaienl percer lui el ses compagnons,
et aussitôt ils se mirent à balancer leurs lances d’une
manière très-menaçante. Hacking ajusta son arme sur
eux et tira la gâchette, uniquement pour les effrayer,
mais au contraire ils n’en devinrent que plus audacieux
et plus turbulens. Jugeant l’attaque inévitable,
il chargea son arme avec du plomb à loup, et leur
commanda de se retirer ; mais leur audace croissant
toujours, il tira enfin sur eux et en fit tomber quatre,
dont un se releva bientôt en prenant la fuite :
comme les trois autres restèrent étendus par terre, ils
furent très-probablement blessés à mort. Toute la
troupe disparut, laissant Hacking se retirer sans
danger.
On n’entendit plus parler des hommes des canots
durant quelques jours, ce qui fit craindre qu’ils
n’eussent été assassinés ; mais ils atteignirent heureusement
l’établissement peu de temps après.
Illi
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