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 unissent  la  plus grande sobriété  au  courage  et à la solidité du  
 pied. 
 Peu  après l’Orotava  on  trouve  quelques  fermes  ct  des  bois  
 de marronniers  francs.  On  entre  alors  dans  des  nuages  épais  
 qui,  couronnant pendant plusieurs mois  de l’année ce premier  
 plan  de  hauteur,  empêchent  de  distinguer  le  Pic,  de  la  ville  
 d’où il paraît très-majestueux lorsque les nuages n’existent pas.  
 Après  deux  heures  de marche nous  déjeunâmes sous un  grand  
 ct magnifique pin isolé,  au  bord d’un ravin profond ct où l’on  
 trouve  do l’eau. C’est  el  Pino  del Tornajito.  La  température y  
 était Irès-fraîclie.  La  végétation  de  ce  lieu,  presque  toute  de  
 hautes  liruyères,  est  assez  abondante  :  mais,  à  mesure  qu’on  
 avance,  ces  arbrisseaux  deviennent  plus  rares,  les laves plus  
 amoncelées,  et  la  terre végétale moins abondante.  Aux  environs  
 de  la caverne  del Pino ,  on ne marche même plus que suides  
 scories légères. Alors on est débarrassé des nuages, ct avant  
 que d’y arriver on trouve abondamment le cytise dont los fleurs  
 jaunes  répandent dans l’atmosphère une forte  odeur  de baume  
 du  Pérou. 
 A une heure  on  détourna  un peu  sur  la  gauche poursc reposer  
 dans la caverne et y mettre  les chevaux à l’abri du soleil.  
 Cette cavité,  où l’on  a peine  à  tenir debout,  est à peu  près  la  
 moitié du chemin pour arriver à la couchée. C’est là qu’on commence  
 à voir en assez grande quantité ie Spartium supra nuhium.  
 La montagne de Tuffa rougeâtre, qui est à gauche, en abcaucoup  
 à son sommet.  Chaque  pied de  cc  grand  arbrisseau  forme des  
 touffes peu élevées qui s’étalent en rond. Sa couleur est glauque,  
 ct scs  fleurs blanches  exhalent la même  odeur  que  celle  de  la  
 plante précédente.  Les animaux  qu’on rencontre  à  cette hauteur  
 sont  un martinet  qui  se  rapproche beaucoup  du  notre,  
 un lézard  d’un  gris presque noir,  et sous les pierres unegros.se  
 pimélie. 
 A deux heures nous partîmes de la caverne del Pino. La chaleur  
 était assez forte, mais  franche el  sans accabler ;  l’air d’une  
 jnireté et d’une transparence remarquables; les contours des corps 
 NOTES. 
 se dessinaient avec la plus grande netteté. Me servant habituellement  
 d’un  verre  concave  pour  voir  à  distance,  jai  cru  
 m’apercevoir  qu’à  cette  hauteur  je  n’cn  avais  presque  plus  
 besoin  :  beaucoup  plus  baut  11  n’en  fut  pas ainsi.  Nous nous  
 détournions souvent pour voir ce qu’on nomme  à juste titre la  
 mer  de nuages,  dont nous  allons bientôt parler. 
 A  trois heures  et demie environ , nous entrâmes dans les Cañadas  
 ;  c’est une  très-vaste plaine  ondulée,  ayant peu do végétation  
 et remplie  de  soupiraux  éteints,  de courans  et  de  murs  
 de laves dirigés dans tous les sens.  Le sol est  entièrement  couvert  
 de  très-petits  fragmens  d’obsidienne  jaunâtre  et  filireusc,  
 qui ressemble beaucoup  à des ponces. Nos cbevaux, débarrasses  
 des moucbes  ct  facilités  par  la  route,  allaient assez vite ;  cependant  
 nous mîmes plus  d’une beure  à traverser  ce  plateau,  
 où,  nous  d it-o n ,  la  chaleur  est  quelquefois  si  grande  que  
 des cbevaux y périssent :  tandis  qu’il est une  saison  où il y fait  
 tellement froid, qu'on nous montra un lieu marque d’une croix  
 où était morte une  pauvre femme  qui  s’était hasardée  a y  aller  
 cberclier de  la neige.  Du  milieu  des  Canadas  on  commence à  
 apercevoir  vers  l’une  des extrémités  le  dôme  immense  du  Pic  
 dont la  forme ct les teintes  changent à mesure qu’on en approche. 
  A cette  distance on ne sc  doute vraiment pas de quel côté  
 on  attaquera cette montagne pour y monter.  A sa gauche nous  
 traversâmes  une petite  montagne  dontles  ondulations,  anssi  
 agréables qu’uniformes, étaient produites par de petits morceaux  
 d’obsidienne poreuse dont la couleur jaune offrait plusieurs variétés  
 de  cette teinte.  Les pieds des chevaux y enfonçaient assez  
 avant.  A  la  superficie  du  sol  et  à  d’assez  grandes  distances les  
 unes  des  autres,  étaient  d’énormes  boules  de  basalte  noir  à  
 cristaux  de  feldspath ;  quelques-unes avaient de vingt  à  trente  
 pieds  de diamètre,  et  étaient  fendues  par  le  milieu;  d’autres  
 avaient quelques-unes de leurs parties  façonnées en petits  prismes. 
   Ccsblocs  isolés, lancés,  dans des temps bien éloignés,  de  
 l’intérieur du cratère ,  semblaient .avoir été posés là comme avec  
 la main.  On  ne  voit  sur cette montagne  d’autre végétal que  la