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124 VOYAGE
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1826. qu’au cap Otivay, afin de comparer les travaux de
Novembre. Ba(,(Pn et de Flinders, qui offrent d’assez grandes
différences en ces parages.
10. A dix heures trente minutes du matin, dans un
calme plat qui a été de peu de durée, j’ai envoyé le
thermométrographe à trois cent vingt brasses de profondeur
verticale sans trouver le fond , quoique je ne
fusse éloigné que de huit à dix lieues de la terre. Les
eaux de la mer à 13°, 5 à la surface, n’ont fait descendre
le mercure à cette profondeur qu’à 8°, 6 .
Dans la soirée le vent a enfin varié au S. S. E., et
S. S. O. en fraîchissant considérablement. Nous en
avons profité pour faire route la nuit. A minuit la
sonde a donné quarante-cinq brasses, gros sable et
11. corail; à quatre heures nous avons aperçu le cap
Otway du N. à l’E. N. E., à dix ou douze milles de
distance; terres hautes, bien boisées et d’un aspect
agréable. Aussitôt qu’il a été doublé, je suis revenu
peu à peu sur bâbord, afin de gouverner sur Port-
Western.
Des bandes nombreuses d’albatros chlororynques
ct des nuées de fous à tête fauve couvraient désormais
les flots. Ceux-ci surtout nous amusaient
beaucoup par leur manière de pêcher ; suspendus en
l’air, d’une grande hauteur, ils guettaient le poisson
attentivement, puis ils fondaient dessus la tête devant
avec la rapidité d’une flèche. Ce manège continuel
offrait l’effet le plus bizarre et le spectacle le plus
divertissant.
Chargés de voiles et poussés par une belle brise
DE L ’ASTROLABE. 126
de O. S. O. sur une mer plus tranquille, nous avons
filé rapidement le long de la côte. Dès trois beures
nous distinguions parfaitement le sommet d’Arthur’s-
Seat et le cap Schanck à l’entrée occidentale du port.
,l’allais même essayer d’y pénétrer de suite, quand le
ciel s’est chargé dans le S. O . , le vent a beaucoup
renforcé, et la mer a grossi considérablement. Alors
j’ai pensé qu’il était plus prudent de remettre notre
tentative au lendemain , et de passer la nuit aux petits
bords dans le détroit. Dès cinq beures le vent a
soufflé grand frais du S. O., avec une houle très-
creuse et fort courte; mais cette bourasque n’a pas
duré long-temps; à huit heures la brise était déjà
modérée.
J’ai manoeuvré toute la nuit de manière à me soutenir
autant que possible contre les courans de l’ouest ;
au point du jour, nous avons revu les terres de Port-
YVestern dans le nord, à douze ou quinze milles de
distance. Il a fallu forcer de voiles et serrer le vent
pour atteindre l’entrée; à six heures quarante-cinq
minutes, par le travers et à un mille environ de la
pointe Crant, nous avons mis en panne pour faire une
station géographique. En avançant nous avons découvert
sur la rive droite un établissement de pêcheurs
de phoques qui, à la vue de la corvette, ont mis leur
canot à la mer pour venir à bord.
Cuidé par le plan de Flinders et les indications
d’Hambillon, qui connaissait ce mouillage et dont
l’aide m’a été utile, je suis entré dans la baie; a huit
heures trente-sept minutes l’Astrolabe était alfour-
1826.
Novembre.