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i6.
102 VOYAGE
182C.
Oclobre.
qui avait attiré notre attention. Là nous eûmes le regret
de voir la pluie redoubler de force et tomber par
grains violens qui nous empêcbèrent de rien faire. Il
fallut nous contenter d’allumer un grand feu pour nous
réchauffer, et diner tant bien que mal. A buit heures
du soir nous décampâmes tout trempés encore ; en
passant près du jardin , nos chasseurs sautèrent à terre
dans l’espoir de surprendre les pélicans. Mais ils délogèrent
de bonne heure; d’ailleurs les hirondelles et
les huîlriers firent à notre arrivée un si terrible tintamarre
, qu’ils semblaient prendre à tâche de découvrir
notre supercherie à leurs compagnons. Nous nous dirigeâmes
alors vers la corvette, où nous fûmes de retour
à dix heures, aussi fatigués que mouillés et refroidis.
M. Guilbert a tué dans cette course un serpent de
cinq ou six pieds de longueur, qu’à ses dents M. Quoy
a jugé devoir être fort dangereux.
M. Guilbert avec la yole poursuit le plan du port
depuis la pointe des Patelles jusqu’au bâvre aux Huîtres.
La forge est montée à terre, et l’on continue le
travail du grément. Vers midi la pluie recommence;
tout le reste du jour et le suivant, elle ne cesse de
tomber par torrens, et suspend presque tous nos travaux.
En outre les vents du sud amènent dans la rade
une forte houle qui déferle partout avec fureur; pour
communiquer avec notre poste, il faut maintenant accoster
dans l’ouest de l’observatoire.
A midi nous avons aperçu deux baleinières étrangères,
voguant à l’aviron, entre Tîle de l’Observatoire
DE L’ASTROLABE. 103
et celle de Seal, et nous avons jugé que les aventuriers
qui les montaient étaient plus nombreux que nous ne
le pensions d’abord. A trois heures leurs canots sont
venus le long du bord, et m’ont appris que le second
était monté par cinq Anglais et un Australien de Port-
Jackson , tous provenant du scbooner le Hanter. J’ai
autorisé trois hommes du premier canot àrester àbord,
savoir : Hambilton, Brook et Cloney ; et je n’ai reçu
de l’autre canot qu’un Américain de couleur, nommé
Richard Symons. Celui-ci se dit originaire du Canada,
et parle assez bien français. D’autres ont ensuite sollicité
la même faveur, mais je la leur ai refusée, parce
qu’ils avaient trop hésité à se décider, et que je voulais
ménager nos vivres. Je ne voulus pas non plus les
laisser coucher à bord ; car ces gens ne m’inspiraient
qu’une confiance fort équivoque, et je ne sentais que
trop ce que pouvaient oser de nuit une douzaine d’individus
audacieux et déterminés ; j ’ignorais d’ailleurs
leur véritable nombre qui pouvait excéder leur nombre
présumé.
A cinq heures du matin la yole partit sous les ordres
de M. Gressien, qui consacra toute la journée à sonder
la baie de la Princesse et à en lever le plan.
Vers dix heures trente minutes, avec MM. Quoy,
Gaimard, Guilbert et Sainson, je débarquai derrière
la pointe des Patelles ; là chacun se dirigea comme
il lui plut; pour moi, suivi seulement de Lauvergne
et de Simonet, je m’enfonçai dans les grands bois
qui dominent les étangs de la plage. Malgré la beauté,
l’étendue et la fraîcheur de ces ombrages, j’y ren-
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