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Quoique rien ne lût plus raisonnable et plus Ini-
niain que les vues du gouverneur Macquarie, tous ses
el'forts pour rapprocher les deux classes qui composaient
la population libre deNew-South-Wales n’eurent
point de succès ; les colons d’origine libre se trouvèrent
à la fois l)lessés dans leurs intérêts particuliers
et dans leur vanité. L’admission des émancipistes à la
protection du gouvernement et aux fonctions de la
magistrature, leur enlevait le monopole de la fortune
et du pouvoii', objet le plus cher de leurs désirs. Loin
de vouloir se prêter à aucun rapprochement avec leurs
nouveaux concitoyens, leur éloignement prit encore
un caractère plus marqué, et ils s’en firent publiquement
honneur. Quelques-uns poussèrent même l’oubli
des convenances envers leur chef suprême, au point
de se refuser à ses invitations, pour ne pas se trouver
à la même table que des personnes qu’il avait jugées
dignes d’y paraître.
Ils ne s’en tinrent pas là; pour se débarrasser d’un
chef dont ils ne pouvaient plus attendre que le renversement
de leurs projets, ils le dénoncèrent au ministère,
et, dénaturant la pureté de ses intentions, ils
prêtèrent à ses actions des motifs honteux. Long-lemps
son intégrité reconnue et son zèle infatigable dans
l’exercice de ses fonctions répondirent suffisamment
aux inculpations de ses ennemis.
Cependant le cabinet de Londres fut ébranlé par
des plaintes si souvent réitérées. Il se crut obligé
d’en approfondir la source. Un commissaire du roi,
nommé Bigg, fut envoyé en 1819 pour examiner en
détail la situation de la colonie et la conduite du
gouverneur. Durant deux années environ qu’il passa
en ce pays, il ne s’acquitta que trop scrupuleusement
de sa mission. Il s’enquit minutieusement de toutes
les moindres particularités ; il remonta à la source de
toutes les fortunes un peu remarquables, et on lui a
reproché d’avoir souvent prêté une oreille complaisante
à ceux qui étaient connus pour être les ennemis déclarés
dn gouverneur.
Ce fut vers ce temps que l’ütmiie passa à Port-
Jackson , où elle séjourna du 18 novembre au 25 décembre.
Durant ce long intervalle, et depuis son retour,
M. de Freycinet a pu se procurer d’immenses
matériaux sur l’état de la colonie à cette époque. Aussi
je me contenterai de dire ici qu il y fut reçu avec une
distinction et une générosité remarquables. Le général
Macquarie s’empressa de prévenir ses moindres désirs,
et procura aux naturalistes de l’expédition les moyens
d’exécuter agréablement et utilement une excursion
jusqu’à Bathurst. 3IM. Quoy et Gaudichaud furent
les premiers Français qui passèrent les montagnes
Bleues.
Outre les dégoûts qu’avaient dû nécessairement causer
au gouverneur ftlacquarie les cabales de ses ennemis
et la présence du commissaire, qu’il ne pouvait
guère considérer que comme un espion du gouvernement,
il eut à lutter contre un obstacle plus puissant
, et qui tenait encore au point de vue sous lequel
la mère-patrie s’obstinait à considérer la colonie.
A mesure que le nombre des déportés et la pofil
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