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i 14 VOYAGE DE L ’ASTROLABE. 415
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vint les éclairer, ils se mirent en route pour chercher
la tribu du coupable. Après un voyage dont leur soif
de vengeance abrégea la longueur, ils atteignirent les
lieux qu’occupait la tribu qu’ils cherchaient. Alors le
sauvage aperçut à une petite distance la soeur de celui-
là même qui lui avait enlevé la sienne, et qui s’était un
peu écartée pour ramasser du bois à brûler. C’était une
belle occasion pour se venger; ainsi ordonnant à sa soeur
de se cacher, il courut sur la jeune fille, et leva son
casse-tête pour la terrasser et satisfaire son ressentiment.
La victime trembla, et bien qu’elle connût toute
la force de son ennemi, elle s’arma de tout le courage
qu’elle put conserver. Elle releva les yeux sur lui, et
leurs regards s’étant rencontrés, tel fut l’effet que
produisit son admirable beauté sur le jeune homme,
qu’il demeura immobile pour la contempler. La pauvre
fille s’en aperçut, et se jeta à ses genoux pour implorer
sa pitié; mais avant qu’elle pût parler, déjà le
sentiment de la vengeance avait fait place à celui de
l’amour. Il rejeta son casse-tête, et la serrant dans ses
bras, lui jura une constance éternelle. Sa pitié lui
valut l’amour de sa belle, et chacun se vit ainsi payé
d’un mutuel retour. Il rappela sa soeur qui aurait elle-
même assouvi sa vengeance sur la jeune fille, sans son
trère qui lui déclara qu’elle était désormais sa femme.
Le jeune homme s’étant informé de sa soeur' aînée, sa
nouvelle épouse lui apprit qu’elle était encore très-
souffrante , mais qu’elle serait bientôt mieux, et excusa
son frère sur les moyens qu’il avait employés
pour en faire sa femme, sur cc que c’était la coutume
suivie dans le pays : « Mais vous, ajoula-t-elle, vous
avez le coeur plus blanc (faisant allusion aux moeurs
des Anglais), vous ne me battez point; moi je vous
aime, vous m’aimez, j ’aime vos soeurs, vos soeurs
m’aiment; mon frère n’est pas un homme bon. » Cet
aveu sans artifice lui valut l’amour du sauvage et de
sa soeur qui étaient venus en ennemis, et ils vécurent
ensemble dans une petite cabane que Barrington leur
fit élever à un demi-mille de sa propre maison.
COUTUMES ET MOEURS.
Au moment où la femme accouche, personne ne
peut être présent que des personnes de son sexe.
Warri-Wir, soeur de Benilong, s’étant trouvée prise
de mal d’enfant tandis qu’elle était en ville, ce fut
une occasion favorable de les voir agir dans cette importante
conjoncture. Quelques femmes qui avaient
gagné l’amitié de cette jeune fille en profilèrent, et ce
fut d’elles qu’on obtint les détails suivans.
Durant l’accouchement une femme était occupée à
lui répandre de l’eau froide de temps en temps sur le
bas-ventre, tandis qu’une autre, qui avait attaché le
bout d’une petite corde autour du cou de Warri-Wir,
se frotta les lèvres avec rautre bout jusqu’à ce que le
sang en coulât. Elle ne reçut aucun secours de celles
qui l’environnaient, et l’enfant vint au monde par la
seule action de la nature ; il ne fut reçu par personne
au sortir du sein de sa mère. Mais une des Anglaises
coupa le cordon ombilical, et lava l’enfant, du con