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NOTES.
Les peuplades du port du Roi-Gcorges, liabilanl un pays
aride, stérile, doivent être considérées, ainsi que plusieurs de
celles do la Nouvellc-IIollande, comme les plus manieurcuses
delà terre. A leur seul aspect on reconnaît l’innucnce d’un sol ingrat
qui refuse à ses balntans de quoi fournir à tout leur développement
physique. Aussi ces naturels surprennent-ils par la
maigreur de toutes leurs jiarlics, beaucoup plus sensible aux
bras ct aux jambes. De lo in , lorsqu’ils sont couverts de leur
morceau de j>cau de kanguroo, et qu’ils grimpent sur les rocbers,
ils n’ont ]jas mal l’air de ces oiseaux de rivage à jambes
longues ct grêles, qu’on nomme Echassiers.
En général, ils sont de petite taille, ont la tête grosse, les
orbites saillans ainsi que les pommettes, cc qui donne à la face
une assez grande largeur transversale ; les lèvres grosses s’alon-
gent cbez quelques-uns comme un molle ; la boucbe est grande ;
les dents sont parfaitement rangées, égales, courtes, et ressemblent
à ces râteliers artificiels des dentistes de Pai’is. Leurs
yeux sont petits, un peu obliques, noirs, avec la conjonctive
jaunâtre ; cc qui peut tenir à ce qu’ils sont presque toujours
accroupis sur les tisons. Dire que la couleur de leur teint est
un noir rougeâtre, n’est pas indiquer celle qu’ils devraient
avoir naturellement, car la fumée et l’ocre dont ils sc frottent
la tête ct le corps doivent singulièrement modifier cette teinte.
Toutefois c’est le noir qui domine. Leur ventre est proéminent,
arrondi, et ils ne présentent point dans le reste de leurs
membres de belles et justes proportions. Mais tout indique
que ces défauts physiques dépendent de la misère et du manque
de nourriture. Cc qui le prouve , c’est que les babitans de
la terre de Van-Diémen, que des pêcheurs anglais avaient avec
eux, et qu’ils avaient pris dans un état de maigreur semblable,
sont devenus gros , ct ont fini par montrer des membres bien
formés. Plusieurs des babitans de la baie Jervis, qui avoisine
Port-Jackson , ct qui ont de fréquentes relations avec les colons
anglais, nous ont offert le même état d’amélioration ; tandis
que les peuplades du port du Roi-Gcorges, n’ayant pour tout
NOTES.
abri sous un climat rigoureux, en hiver, que de misérables
niches ouvertes à tous les vents ; pour vêtement, qu’une
mince peau de kanguroo qui leur couvre les épaules, ct pour
toute nourriture, que des lézards ou de maigres racines, ne peuvent
que végéter sur une terre qui semble tout leur refuser.
Leur seule industrie paraît sc borner à la fabrication grossière
de quelques pêcheries sur la rivière des Français, où ils vont
à certaines époques de l’année. Mais ils no connaissent ni lare
et la flèche pour atteindre leur proie, ni la pirogue et l’hameçon
, armes naturelles aux peuples riverains.
Cependant ils ne sont point stupides; ils ont de la sagacité ,
et de la finesse dans le sourire ct les manières. Ils aimaient à
être avec nous, quelquefois à nous accompagner à la chasse.
Presque toujours il y en a eu autour de latente que nous avions
à terre. Ils sc plaisaient à prendre nos noms cl à nous donner
le leur, usage qui se retrouve dans toutes les lies de la Polynésie.
Mais, je le répète, cette nécessité de pourvoir sans cesse
' ct tous les jours à une nourriture incertaine doit prendre tout
leur temps, ct les absorber entièrement. Quoi qu’il en soit,
nous n’oublierons jamais nos amis Patêt père et fils.
Leurs c.il>aiies sont des branches d’arbres pliées en rond, et
couvertes de feuilles sécbécs de xantboréas. On ne peut y tenir
que couché , ct à peine peut-on s’y étendre. On trouve dans
presque toutes une pierre qui sert à écraser de l’ocre avec laquelle
ils se frottent la tète ct les joues. Est-ce par une sorte de
nécessité ou par coquetterie? Nous pensons qu’il faut l’attribuer
à ce dernier motif. Ils font du feu en frottant l’uii contre l’autre
deux morceaux de bois sce , ct ils eu conservent toujours dans
la main en voyageant, à l’aide d’un cône de banksia qui brûle
très-lentement comme une sorte d'amadou. Tous tiennent ce
r é c b a u d portatif sous leur manteau, et vis-à-vis les parties génitales
où ils paraissent le plus sensibles au froid.
Nous nous croyions seuls avec nos sauvages dans cette solitude
, lorsque nous ne fûmes pas peu surpris un soir de voir
arriver un canot portant des Anglais pêcbcurs de Phoques, qm
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