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jours à sa disposition, et plus rapprochés d’elle pour
satisfaire la curiosité de ses lecteurs.
» Comme nous l’avons déjà cent fois dit, ce n’est
que par la voie de la presse qu’on peut produire
de grands effets , et que les impressions permanentes
et dues aux raisons que nous venons d’énumérer
pourront être détruites, ou du moins neutralisées.
Mais est-il surprenant que le mérite et la
considération de notre communauté, ainsi que son
importance, soient ignorés des habitans du royaume,
tandis que ces titres étaient ignorés de ses membres
eux-mêmes? Nous le répétons, ces titres sont
même inconnus ici.... Autrement, qui eût pu donner
lieu à ces continuelles exclamations de surprise de la
part de tous ceux qui étaient présens à cette fête, car
je ne crois pas qu’il y eût une seule exception. « Qui
» eût pu s’imaginer, s’écriait-on de toutes parts avec
» emphase, qu’on eût pu réunir une société aussi nom-
» breuse, aussi choisie, tant de dames élégantes, une
» si belle compagnie. » Nous autres citoyens de la
même ville, babitans de Sydney, nous étions surpris ;
mais plus que nous encore les habitans de la campagne
prodiguaient leurs expressions d’étonnement. A quoi
cela tient-il? est-il un bourg ou même une ville de
moyenne grandeur, en Angleterre, qui pùt offrir parmi
ses habitans, une pareille ignorance de leur existence
réciproque, pour ne pas dire un pareil isolement les
uns des autres? Il est vrai que les habitans n’ont pas
été élevés ensemble. Les dernières autorités vécurent
tout-à-fait a l’écart; elles ne donnèrent lien à aucunes
liaisons nouvelles, et même d’anciennes liaisons furent
dissoutes, les anneaux en furent brisés par de nouveaux
venus et par un accroissement rapide et presque
soudain de la population : enfin la communauté cessa
presque entièrement d’exister comme société, ou dn
moins comme une réunion de sociétés. On n’imagine
pas même combien l’habitude influe sur les amitiés.
Moins vous voyez vos amis, moins vous vous souciez
de les rencontrer. Sépai'és d’eux d’abord par de simples
circonstances accidentelles, vous en restez ensuite
éloignés par goût. C’est ainsi que nous pouvons
expliquer le défaut de société et les plaintes continuelles
que nous entendons sur le défaut de sociabilité,
dans un lieu où certainement, comme nous venons
de le démontrer, se l’encontrent tous les élémens
qu’on peut désirer pour former des sociétés et cimenter
des liaisons.
» L’exenqjle, quel qu’il soit, bon ou mauvais, a une
puissante influence sur l’homme qui, en dépit de lui-
même , a toujoui’s l’esprit imitateur. Ceux qui se trouvaient
placés à la tète de la colonie, nous le redirons
sans cesse, ne donnèrent point le bon exemple (il est
vrai qu’ils eussent pu alléguer plusieurs excuses pour
leur conduite, et en effet quelques-unes de ces excuses
étaient fondées). Ils ne se montrèrent point des
membres de la communauté, et la société tomba en
ruines. Par cela même que les babitans cessèrent de
se trouver ensemble, la méfiance, le soupçon et l’envie
prirent la place de la cordialité, des réunions
joyeuses et de ces nombreuses nuances de liaisons qui