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Juin.
verdure disparaît, les bruyères aussi, le Cylisus fo-
liosus se montre, d’abord rare et rabougri, bientôt
plus vigoureux, plus touffu à mesure que le terrain
devient lui-même plus maigre et plus stérile. La région
du cytise m’a semblé occuper une bonne lieue de
pente sur trois cents toises au moins de bauteur.
h'Hypericum, le tbym, de petits cistes et quelques
graminées suivent le cytise jusqu’au milieu de son
empire , ct disparaissent enfin peu à peu. Vers le
milieu de cette région dont le sol est partout jonché
de laves décomposées, de scories et de ponces en petite
quantité, la brume disparaît entièrement, elles
nuages se présentent sous vos pieds sous la forme d’une
mer immense de flocons épais et blanchâtres, telles
que doivent apparaître les mers toujours glacées des
pôles, ou mieux encore les tourbillons écumans d’un
torrent qui se précipite en cascades, et qu’une gelée
intense a rendus immobiles dans leur chute. Spectacle
vraiment admirable, peut-être le phénomène le plus
curieux à observer dans cette longue course!....
Déjà tous les animaux ont disparu, plus d’oiseaux ;
seulement, reste chétif de ce règne, quelques diptères
voltigent encore sur les fleurs du cytise, et une lourde
pimélie circule lentement entre les cailloux.
Jusqu’alors caché par les nuages ou masqué parles
montagnes de sa base, le sommet du P ic , qui de la
mer ne semblait qu’un piton peu considérable, commence
à se détacher, comme un mont conique, d’une
masse imposante. La pente devient moins roide, et
vous vous trouvez sur les bords de cette plaine imDE
l . ’ASTROLAlîE.
mense légèrement ondulée, d’abord parsemée d’énormes
blocs de laves, ensuite tapissée en grande
partie d’une couche épaisse de fragmens très-divisés ,
de ponces et d’obsidiennes. Y^Spartium supra nubium,
ai-brisseau charmant et le plus élégant de son genre,
est le seul qui rompe l’uniformité de ces vastes et
tristes solitudes que les Lspagnols ont nommées Cañadas
à cause de leur affreuse nudité.
En ce moment il était onze beures ; avant de
passer outre, nous nous arrêtâmes dans une grotte
située à l’entrée même de ces plaines, qui porte le
nom de Caeva delPino. Nous y déjeunâmes et trouvâmes
à l’ornbrc la température très-agréable et l’air
très-facile à respirer, bien que la hauteur de cette grotte
au-dessus du niveau de la mer doive s’estimer à douze
cents toises au moins. A son entrée, je remarquai avec
surprise quelques plantes de nos pays, telles que l’ortie,
la pariétaire, le géranium, l’arénaire, etc., dont les
graines auront sans doute été introduites en ces lieux
par les Européens dans leurs fréquentes visites. Nous
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182Ö.
Juin.
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