duite imprudente et cruelle de quelques-uns de nos
gens. Les naturels sont réellement passionnés poulies
blancs, et admirent beaucoup nos arts et notre
industrie ; mais ils ont une grande aversion pour les
Biishrangers ( vagabonds des bois ) ou Croppis, ainsi
qu’ils les appellent. Ces malbeureux leur enlèvent
quelquefois leurs femmes et leur sont à charge de
toutes les manières.
» Toutes les fois qu’on jugerait nécessaire de châtier
les naturels, il faudrait que ce fût toujours sous l’autorité
d’un officier militaire, ou de quelque personne
respectable, autorisée à cet effet et responsable de
ses actions. Les cultivateurs ne devraient jamais être
autorisés à armer leurs domestiques et à courir sur
les naturels. Il n’y a que des mesures défensives qui
puissent être justifiées en ces occasions.
i> Ces naturels ont quelques idées imparfaites de la
propriété et du droit de possession ; ils disent que tous
les animaux sauvages sont à eux, que tout ce qui est
cultivé ou apprivoisé est à nous ; tout ce que la terre
produit spontanément ou sans travail leur appartient
aussi. Les choses qu’elle produit par artifice ou par
effort sont aux hommes blancs , comme ils nous appellent.
Les songes ont un effet puissant sur leur imagination
et souvent dirigent leurs actions. Ils ont des
idées très-confuses d’un bon et d’un mauvais esprit,
mais semblent n’avoir aucune notion d’une puissance
protectrice. Ils ont parfois les terreurs les plus grandes
d’un mauvais esprit qui hante leurs forêts, et
pensent qu’il vient quelquefois , durant leur sommeil.
les exterminer et enlever leurs femmes et leurs enfans.
Il est difficile de prononcer s’il y a réellement
dans ces bois aucune espèce de créature capable de
détruire un homme, et rien de ce genre n’a jamais
été vu par aucun des nôtres. Je suis disposé à croire
que cet esprit qu’ils redoutent tant et qu’ils nomment
Coppir est un de leurs êtres imaginaires. Très-rarement
ils réfléchissent ou méditent avec attention; leurs notions
des objçts sont très-grossières, et chaque sensation
produite par un effet passé cède promptement
la place à une sensation nouvelle.
» Leurs lois sont celles de la nature. Ils n’ont,
que je sache, aucun autre code ; leurs chefs possèdent
évidemment une grande influence parmi eux,
et plus spécialement en temps de guerre. Si les connaissances
marchent progressivement dans l’esprit
humain, dans le leur elles ont tout au plus fait le premier
pas, et leurs idées ont à peine commencé à
éclore.
But knowledge to their eyes her ample page
Rich with the spoils o f time d id ne’er extol.
Mais la science à leurs yeux ne déroula jamais ses pages immenses enrichies
par les dépouilles du temps.
» De temps en temps les passions de l’amour et de
la jalousie tourmentent leurs coeurs ; et l’amitié, ils
la connaissent aussi; car quand une personne pour
laquelle ils ont une véritable affection meurt ou succombe
dans un combat, ils pleurent jusqu’au tombeau
la perte de leur ami mort.