i 8 2 6 .
5 juin.
>!
par douze brasses et demie, sable et gravier. Ce fond
est d’une mauvaise tenue, car le jour suivant, dans
une risée assez faible, nous cbassâmes et fûmes
obligés d’aller reprendre le mouillage d’Algésiras.
Peu après, les deux canonnières françaises la Bombe
et le rocsin, commandées par MM. Toulon etBellan-
ger (Micbel), laissèrent tomber l’ancre près de nous.
Ces deux navires destinés pour la station de Cadix
avaient employé le mois entier pour se rendre de
Toulon à Gibraltar.
Ce matin, de nouveau séduits par une petite brise
de N. E., à l’exemple de plus de quatre-vingts navires
qui mettaient à la voile, nous en faisons autant. Au
moment où nous doublons la Perle, nous sommes
tout-à-coup enveloppés d’une brume si épaisse qu’on
distinguait à peine les objets de l’arrière à l’avant du
navire.
Cependant je serre la cùte le plus près possible,
afin d’éprouver un courant moins fort; à onze
heures , en passant à quatre-vingts toises environ de
la pointe Acebuche, un coup de talon assez fort se fait
sentir ; heureusement nous filions cinq à six noeuds ,
la corvette ne s’arrête point, le vent se soutient,
nous doublons Tarifa, et le soir à quatre heures
nous nous trouvons à deux lieues au nord de Tanger.
Alors la brise tombe, et nous restons en calme ; je
redoutais d’ètre encore entraîné dans l’E. durant la
nuit ; mais là je trouvai la force du courant bien
amortie, et j’ai lieu de croire que le jusant même y
reporte sensiblement vers l’O. Vers deux heures
du matin, la brise s’est peu à peu établie à TE., et 1826,
nous avons cinglé à toutes voiles dans 1 océan Atlan-
tique.
C’est ainsi que le vent d’ouest nous a retenus durant
trente-quatre jours à l’entrée de ce détroit,
malgré la constance opiniâtre que j’ai déployée, et les
efforts journaliers que je n’ai cessé de tenter pour
surmonter cet obstacle. On sent tout ce qu une contrariété
si prolongée a dù m’offrir de dégoûts et d’ennuis
au début d’une campagne comme celle que j ’entreprenais,
avec le désir que j’avais de ne perdre
aucun de ses momens. Pour cette raison, et d autres
plus péremptoires encore, le capitaine qui voudra
tenter une pareille entreprise, devra préférer tout
autre des ports de France à celui de Toulon. Convenons
cependant que ce triste retard fut bien mis a
profit par M. Quoy qui amassa les matériaux dun
mémoire fort important sur les mollusques de la
Méditerranée. Nous-mêmes nous réglâmes nos montres
sur le méridien d’Algésiras, et commençâmes
nos observations de tout genre.
.1 J,