'S i
Vm
i l i
1826.
Juin.
30 VOYAGE
La scène s’embellit à mesure qu’on s’approche de
Laguna, ville assez grande et bien bâtie, mais peu
peuplée. L’herbe pousse dans la plupart des rues ,
tout annonce qu’une grande misère a dû succéder
dans cette ville à l’opulence qui y régnait aux jours
brülans de la monarchie espagnole.
A la hauteur de Laguna, qui est de quatre cents
toises environ, la température a tout-à-fait changé, et
m’a rappelé le climat de la France méridionale. Aussi
les plaines voisines de cette ville offrent-elles l’aspect le
plus riche et le plus varié; ce sont des champs de la
plus belle verdure, plantés en blés, pommes de terre,
lupin, maïs, etc. Dès qu’on arrive sur la côte
occidentale de l’île, la vigne avec ses pampres verdoyans
achève de rendre l’illusion plus frappante.
Il est un lieu sur la route d’où la vue domine les
plaines riantes et fertiles de Tacoronte, l’un des sites
les plus délicieux de File. A onze heures nous arrivâmes
à Matanza, lieu célèbre par le revers insigne
qu’y éprouvèrent les Espagnols combattant contre
les Guanches. Gette fois au moins, ceux-ci guidés
par leur valeureux chef, le dernier prince de Tahouro,
firent sentir à leurs cruels oppresseurs ce que peut le
courage inspiré par le désespoir.
Depuis ce lieu jusqu’à FOrotava, la nature offre la
plus brillante végétation. Ge revers de File n’est
qu’un amphithéâtre continuel de verdure, parsemé de
jolies habitations semblables aux bastides des Provençaux.
Après avoir traversé les villages de Viloria
et de Santa-Ursula, on aperçoit sur la pente de la
i l '
DE L’ASTROLABE. 31
montagne la petite ville de FOrotava. Mon intention
étant d’abord de visiter le port, nous nous dirigeâmes
vers les bords de la mer, en passant près du jardin de
botanique. Arrivés dans la ville du port, nous nous
présentâmes chez M. Antonio Gologan pour qui
M. Bretillard m’avait donné une lettre. Il nous reçut
poliment et nous fit servir des rafraichissemens, sans
cependant nous offrir l’hospitalité. En conséquence,
après avoir jeté un simple coup-d’oeil sur le port de
FOrotava qui n’est qu’une petite calanque sous le
vent de l’île, mal abritée, et où la lame vient briser
avec violence, je repris sur-le-champ le chemin de la
ville où je comptais coucher.
Arrivés près du jardin de botanique, nous mîmes
pied à terre pour le visiter ; il est assez bien tenu, et
renferme une belle collection de plantes rares et curieuses.
Nous y rencontrâmes M. Berthelot, ancien
aspirant de la marine à Toulon, et M. Aubert, autre
Français établi comme lui à la ville de FOrotava. Ges
deux messieurs s’occupent avec zèle et succès de
diverses branches d’histoire naturelle, et surtout de
botanique. Le premier dirige un collège dans lequel
l’instruction publique est enseignée sur le même plan
que dans les collèges de France. Get établissement a
prospéré durant le court règne de la constitution ;
mais depuis que les moines avaient recouvré une
partie de leur influence, il avait beaucoup déchu et
courait même le risque d’être bientôt fermé. Du
reste, M. Berthelot nous offrit l’hospitalité chez lui;
à la cordialité d’un compatriote il joignit le zèle
i82().
Juin.
’Mû hi
■ .■ |'!i!
i' '1 :
:
■ d'il: