110 VOYAGE
1826.
Octobre.
Pl. X IV .
un chenal régulier de cinq ou six pieds de profondeur
à marée basse. Là nous fûmes rejoints par MM. Guilbert
et Sainson. Nous ne tardâmes pas à nous trouver
dans la rivière elle-mèrne; son cours est bien
dessiné, son lit fort beau, et sa profondeur assez régulièrement
de buit à dix pieds dans presque toute sa
largeur, dès qu’on s’est éloigné d’un mille environ de
l’embouchure.
Nous rencontrâmes sur notre route des troupes de
pélicans, des céréopsis, des cygnes noirs, des hérons
blancs, des canards musqués, et deux autres espèces
de ce dernier genre. Nous tuâmes un cygne noir, un
canard brun et deux hérons. La journée était charmante,
la température délicieuse, et nous éprouvâmes
une vive satisfaction en naviguant à pleines voiles silice
beau canal, entre deux rives ombragées par d’immenses
eucalyptus, tapissées par les plus jolis buissons
et émaillées des fleurs les plus élégantes.
Nous avions parcouru cinq milles environ sans
éprouver le moindre obstacle, lorsqu’à deux heures
le canot se trouva arrêté par de gros rochers qui barrent
la rivière dans un endroit où sa pente devient
plus rapide. Depuis long-temps ses eaux étaient entièrement
douces. Je fis faire halte, et nous nous établîmes
sur la rive gauche sous de beaux eucalyptus.
Près de cette barre les indigènes ont profité de
trois îlots qui rompent la vitesse du courant et détournent
sa direction, pour construire des pêcheries
assez bien entendues. Ce sont des digues en pierres,
figurant de petits parcs arrondis dont forifice est
DE L’ASTROLABE. l i t
tourné vers la mer. Sans doute, le flot monte jusqu’à
cette distance, et y amène des poissons qui
restent engagés dans ces petits labyrinthes , d’autant
mieux que leurs issues ont l’ouverture intérieure
plus étroite que l’extérieure.
Sur la droite de la rivière les bois sont traversés par
de petits sentiers bien battus, et l’un de nos matelots
y rencontra une hutte.
Je descendis sur la rive opposée, dont le sol est
obstrué de broussailles, et surtout de hautes fougères
à rameaux entrelacés, qui embarrassent à chaque
instant les pas du voyageur. A un mille environ de
la première barre, la rivière, qui continue d’offrir un
lit de douze à quinze brasses de largeur, se resserre
et se trouve de nouveau barrée par une cascade de
deux on trois pieds de hauteur. Son cours était encore
le N. L. et l’E.; il reprend ensuite un peu plus au
N., et s’élargit jusqu’à un mille et demi, oti il est
barré une troisième fois. Un peu au-delà je le traversai
sur un énorme tronc d’arbre abattu en travers,
ce que j’avais inutilement tenté jusqu’alors. Ce serait
à peu près jusque-là qu’une embarcation, tirant quatre
ou cinq pieds d’eau, pourrait facilement remonter le
cours de celte rivière, soit en faisant sauter les bar-
soit en établissant des res bassins et des écluses. On
182C.
Octobre.
peut estimer cette étendue à six ou sept milles de son
embouchure, en suivant les sinuosités. Plus loin la
rive droite s’élève beaucoup, le lit s’encaisse, et, quoique
le plus souvent large encore de quatre ou cinq
brasses, ce n’est pins qu’un torrent rapide el trop