tribu n’était point présente. Les naturels qui ont plusieurs
femmes en donnent quelquefois une ou deux à
un ami qui s’en trouve dépourvu. Il est difficile d’expliquer
pourquoi le nombre des femmes dépasse autant
celui des bommes, à moins que cela ne provienne
de ce que les derniers se trouvent souvent entraînés
dans des combats où ils perdent la vie. Dans les batailles
, ils ne font point de prisonniers ; ils tuent leurs
ennemis ou les mettent en déroute. Les femmes sont
au reste le jouet de la guerre ; celles qu’ils prennent
sur leurs ennemis sont rangées parmi leurs propres
femmes et quelquefois renvoyées à leur tribu ou à leur
famille. Il arrive souvent que les tribus se mélangent.
» 11 est difficile de fixer l’étendue de terrain exacte
que chaque tribu occupe. On pourrait supposer que
cette étendue n’excède point un rayon de quarante
milles. D’après ce que nous connaissons d’elles, les
différentes tribus semblent former une chaîne étendue
sur la Nouvelle-Hollande; il y a tout lieu de croire
que les habitans sont divisés en un grand nombre de
petites tribus qui composent les anneaux de cette
chaîne, et conservent une espèce de communication
les unes avec les autres.
» Le nombre des tribus voisines de Bathurst, qui
s’étendent jusqu’à Wellington-Valley, Goal-River
et Lachlan-River, est de huit ; en différens temps,
nous avons été visités par des individus de chacune
d entre elles. Elles sont connues sous les noms suivans
, d’après les portions de pays qu’elles habitent
le plus; 1° Tribu de Parramatta ou Bathurst; 2“Mouc-
Moue ou de K ing’s-Valley ; 3“ Bille-Biarra ; 4“ Wellington
Valley; 5“ Bingoum; 6“ Moudjaï; 7° Non-
douraï; 8° Pialong.
» Les naturels n’ont point d’habitations, mais ils
mènent une espèce de vie errante. Quand le temps est
très-humide, ils font un abri avec l’écorce des arbres,
qu’ils coupent et enlèvent très-proprement, et la placent
par terre, de manière à se mettre à couvert. J’ai
vu quelques hommes avec des chapeaux sur leur tète.
Leurs pieds sont toujours nus. Mais je n’ai jamais vu
les femmes avoir la tête ou les pieds couverts. Je m’amusai
beaucoup l’autre jour, qui était une très-belle
journée d’hiver, de voir Saturday, sa tribu et ses amis
étendus par terre, disposés en groupes d’hommes et
de femmes, tournant leurs corps aux rayons réchauf-
fans du soleil ; ils semblaient jouir de la félicité suprême
, chantant et faisant entendre un murmure
joyeux durant près de trois heures. Je ne parle que
des hommes, je n’ai jamais entendu les femmes chanter,
mais parfois elles rient de bon coeur.
» Les hommes sont beaucoup plus recherchés dans
leur nourriture que les femmes. Ainsi, par exemple,
une de mes vaches était morte et son corps était sur
les bords de la crique ; les femmes des naturels l’apprirent,
et plusieurs d’entre elles Vinrent chercher
des morceaux de la vache, mais les hommes n’en
voulurent point. Dans tous les cas, j ’ai observé que
les hommes se servent les premiers, puis les femmes
et les enfans prennent ce que les hommes ont laissé
ou ce ((ii’ils ont pu se procurer eux-mêmes. Les