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les soins affectueux que M. Macquarie prodigua aux
officiers de l’Uranie.
Le conseil colonial se trouvait établi et se composait
des principales autorités, de deux grands propriétaires
et d’un négociant. Loin de répondre aux
voeux des habitans, sa composition leur déplaisait
beaucoup, et devenait souvent l’objet de leurs plus
virulentes récriminations.
Car on saura qu’une opposition véritable et bien
caractérisée s’était déclarée dans le sein même de la
population libre, et se composait de plusieurs personnes
instruites qui, d’un côté, se trouvaient choquées
de la hauteur et des prétentions excessives des grands
propriétaires, et de l’autre étaient sans doute flattées
de jouer un certain rôle comme chefs de parti. Cette
opposition se composait principalement des médecins
ou des hommes de loi qui consignaient leurs opinions
dans deux journaux nouvellement en vigueur, sous
les noms FAustralian et de Monitor.
L’objet ordinaire de leurs réclamations était d’obtenir,
pour la Nouvelle-Galles du Sud, une assemblée
représentative, le jugement par jury et la liberté de
la presse. Le bill, passé en 1823 pour l’administration
de la colonie, allait échoir en 1827, et ils se flattaient
de l’espoir que le nouveau serait beaucoup plus
libéral, el leur accorderait la plupart des droits civils
dont l’Anglais jouit dans la mère-patrie. Comme la
classe des émancipistes et de leurs enfans comprenait
la plus grande partie de la population, c’était à eux
surtout qu’ils s’adressaient le plus souvent pour sliniuler
leurs passions, et les pousser à réclamer le
plein et entier exercice de leurs droits. Soit prudence
de leui' part, et qu’ils sentissent bien que le temps
n’était pas encore venu pour cela, soit simplement
indifférence, et qu’ils se trouvassent satisfaits de leur
position actuelle, les émancipistes étaient restés tranquilles
et n’avaient encore tenté aucune démarche.
Mécontens de cette apathie, les partisans de la réforme
les traitaient souvent avec mépris, et se permettaient
quelquefois à leur égard les sorties les plus violentes.
C’est ainsi qn’on voit dans le premier numéro du
Monitor, publié te 19 mai 182G, le rédacteur de ce
journal, en faisant sa profession de foi politique, s’exprimer
à ce sujet dans les termes suivans ;
« Nous avons toujours regrette qu’avec la sanction
des magistrats, les noms de plusieurs propriétaires
respectables, possesseurs de terres considérables et
chefs de famille, n’aient point été portés sur les listes
des jurés formées par le shérif, sous le seul prétexte
qu’il y a dix, vingt on trente ans, ils arrivèrent dans
la colonie sous le poids de l’infortune. Cependant le
fait même, par lequel ils ont pu recouvrer le titre de
propriétaires, démontre les intentions du souverain
à leur égard. D’ailleurs si leur situation devait les
exclure du droit de devenir jurés, elle devrait aussi
les priver de celui d’être admis en témoignage.
» L’amour du repos et la crainte de la dépense ont
empêché cette classe de colons de donner suite a la
procédure qu’ils avaient honorablement entamée de-
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