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104 VOYAGE
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Octobre.
contrai peu d’oiseaux. Je suivais depuis quelque
temps un sentier assez battu, qui m’avait conduit à
d’énormes blocs de granit arrondis et tout-à-fait dépouillés,
quand je vis un gros kangarou s’élancer
d’entre mes jambes, et s’enfuir rapidement en bondissant
seulement sur ses jambes de derrière. Peu après,
cinq naturels, dont deux à peine âgés de buit à dix
ans, sortant des broussailles, se présentèrent tout-
à-coup à mes yeux, en paraissant d’abord inquiets de
nous voir en ces lieux. J’cn conclus que leurs habitations
et leurs femmes étaient peu éloignées ; sans af-
feclalion, sans paraître même beaucoup m’occuper
d’eux, je continuai ma route du coté opposé, ce qui les
tranquillisa bientôt.
Ces sauvages ne font aucun cas de nos ustensiles,
et vivent strictement au jour la journée, sans s’occuper
du lendemain. De tout ce que nous pouvions leur
offrir, ils n’estimaient que le biscuit et la viande ;
en échange, ils donnaient volontiers leurs haches de
pierre et leurs couteaux de quartz, quelque peine qu’ils
eussent eue à les fabriquer.
Dans ma promenade j ’ai observé une espèce de
remarquable par sa taille élevée dehuit
à dix pieds et ses épis nombreux, courts et raides.
L’eau ne manque point dans ces bois ; le revers de
la presqu’île de l’Aiguade, vers le nord, offre des
* En parcourant à mon retour l’ouvrage du capitaine K in g , j ’ai reconnu
que c’ élait la même plante que M. Brown avait décrite sous le nom de Kingia
aiistralis (R. Brown). Appendice de la Relation du Voyage du capitaine King,
tome I I , page 53 5 .
DE L ’ASTROLABE. 105
étangs d’eau douce, et alentour un sol noirâtre qu’il
serait sans doute possible de cultiver avec succès. Du
reste, la plupart des pâturages près de la mer ne sont
guère composés que de joncées ou de restiacées, peu
propres à la nourriture des bestiaux.
1826.
Octobre.
Les deux baleinières anglaises sont revenues avec
du poisson, des pétrels, des huîtres, un phoque femelle,
un petit phalanger et quelques manchots bleus.
Tout cela a été acquis pour la nourriture de Téquipage
et pour Thistoire naturelle, moyennant un peu de
poudre et du fil de caret. Les Anglais avaient à leur
suite cinq Australiens, savoir : d’abord deux jeunes
femmes de la terre de Van-Diémen, près du port Dalrymple
, toutes deux courtes, trapues, assez bien
faites, mais avec des traits fort grossiers, le devant de
la figure très-proéminent, et un teint noirâtre comme
celles de Sydney. On ne peut rien prononcer sur la
nature de leurs cheveux, car ils étaient coupés au ras
de la tète. Une de ces femmes, assez intelligente, a
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