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sortes de jugemens publics qui dura trois soirées et ne
laissa pas cjue d’avoir quelque cbose de tragique,
puisqu’il y eut beaucoup de sang versé. Les naturels
cboisirent pour le ibéàtre un espace dégagé de broussailles
entre Sydney et Parramatta. D’après les meilleurs
renseignemens qu’on put se procurer, il paraît
que quelques assassinats ayant eu lieu durant la nuit,
les coupables, qui furent immédiatement connus, reçurent,
suivant l’usage dn pays, une sommation de se
présenter devant les parens des défunts, qui devaient
venger leur mort à coups de lance et en faisant
couler du sang. Un très-beau garçon, natif de la tribu
de Kemmiraï et nommé Kerredai, qui en avait poignardé
im autre de nuit, quoique la blessure n’eût
pas entraîne la mort, fut obligé de rester durant deux
soirées exposé aux coups de lance que lui envoyait
non-seulement l’bomme qu’il avait blessé, mais encore
plusieurs autres naturels. Du reste, on lui permit
de sc couvrir avec un bouclier d’écorce, et il
montra beaucoup de courage et de résolution. Soit
que son principal assaillant, Tbomme qu’il avait
blessé, le ti’ouvât trop adroit pour espérer de Tattein-
dre, ou que ce fût une condition de sa punition, ce qui
esttoujours resté douteux : le secondjour queKerredai
se présenta devant son ennemi lui et ceux de son parti,
après avoir reçu un grand nombi'e de leurs lances
sur son bouclier, sans en avoir été aucunement atteint,
il souffrit que Tautre lui altacbât le bras gaucbe au-
dessous du coude le long dn corps, sans faire aucune
résistance. Peut-être était-i! arrêté par les lances des
autres naturels levées sur lui, et qui l’eussent liienlôt
exterminé en l’atteignant de tous côtés. Quelque
temps encore après cela, Kerredai continua de se défendre,
quoique blessé au bras qui tenait le bouclier,
jusqu’au moment où il ne resta plus de lances à ses ennemis
, qui se retirèrent pour en ramasser les morceaux
et les rajuster. S’étant assis par terre, sa main
gaucbe parut très-grièvement blessée, et le premier
chirurgien de la colonie jugea que la lance avait traversé
un des nerfs. L’exécution fut reprise quand ils
eurent réparé leurs armes, et Taffairc parut devenir
générale; les hommes, les femmes et les enfans s’y
étant mêlés, donnant ét recevant plusieurs blessures
dangereuses, jusqu’au moment où la nuit vint les séparer.
Cette espèce de combat parut aussi inexplicable qu’il
était extraordinaire, attendu Tamitié et l’alliance qui
existaient entre plusieurs de ceux qui se trouvaient
engagés les uns contre les autres. Ils combattirent avec
toute Tardeur des ennemis les plus acharnés, et cependant
les blessés déclarèrent que le parti opposé
ne se composait que de bons et braves gens de leurs
amis.
Doués par la nature d’une bonne constitution ,
les combattans guérirent bientôt de leurs blessures ;
mais Ton comprit que Kerredai n’avait pas encore
tout-à-fait expié son crime , et qu’il lui restait une
nouvelle punition à subir de la part de quelques naturels
qui n’avaient pu assister aux cérémonies de
ces soirées.
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