17Í NOTES.
'O,
'-■i'
temps que nous y séjournâmes. A sept heures, au soleil, le
thermomètre marquait 1 9 “.
C’est de ee point élevé que nous pûmes contempler à loisir
cet amoncellement de nuages, qui, ceignant l’île dans tout son
contour et à une certaine hauteur, formaient sous nos pieds de
vastes plaines d’un blanc cotonneux, nommées avec assez de
justesse mer de nuages. L’oeil se reportait toujours avec plaisir
sur ces flocons légers qui paraissaient immobiles dans leurs limites.
Quelques-unes des hautes montagnes des îles environnantes
pointaient au milieu; et, dans quelques ruptures de ces
météores, nous crûmes quelquefois apercevoir la mer à sa
teinte bleuâtre. Si nous eûmes ce coup-d’oeil, d’un autre côté
nous fûmes privés d’embrasser l’ensemble de l’île. A la droite,
au-dessous de nous, nous vîmes sur un sol rougeâtre plusieurs
petits cônes de neige qui n’était pas encore fondue.
Ce n’est que du sommet du Pic de Teyde, qu’on peut se
faire une idée bien exacte de la formation de cette montagne.
Elle paraît si simple, qu’au premier aspect elle frappera tout
observateur. L’île entière est volcanique , et divers systèmes de
feu ont contribué à la former. Celui du Pic a été le plus considérable
, et la base, sur laquelle il repose sa masse ou le cône
principal, a été elle-même tout un immense cratère de plusieurs
lieues de diamètre. En effet, tout l’espace connu sous le
nom de Cañadas est le fond plus ou moins régulier de ce cratère
, d’où on voit encore des débris de vastes parois parfaitement
conservés ct élevés comme des murs. Deux brisures,
l’une du côté de l’Orotava, l’autre par Ic o , ont donné lieu à
des écoulemens de matière en fusion, d’où ont été formées ces
montagnes d’élévation secondaire qui s’appuient sur les flancs
de la base du Pic. En faisant entrer, comme cela doit se faire,
les siècles dans la production des phénomènes qui nous occupent
, nous aurons les mille formes et directions de laves qu’on
trouve dans la plaine des Cañadas. Mais une éruption, plus
puissante que toutes les autres, a fait sortir le dôme du Pic
avec ses basaltes et ses obsidiennes. Qui sait si à ces époques de
toute-puissance qui n’existent plus, ce n’est point dans l’espace
de quelques jours, dans une nuit peut-être !
Voilà deux montagnes élevées l’une sur l’autre. Mais ce
dôme était lui-même en ignition. l ia fourni les diverses coulées
qui sillonnent ses flancs, dont deux surtout entre lesquelles
on monte , et terminées brusquement, sont plutôt des amas
basaltiques que de vraies coulées. Enfin il a produit de la môme
manière qu’il l’a été lui-même, le dernier cône ou le piton qui,
quelque jour peut-être, remplira son cratère, et élèvera un
troisième cône. L’idée aussi simple que juste qu’on doit se
faire de cette formation, est représentée par les tuyaux décrois-
sans d’une longue vue.
Le dernier dôme ou le piton paraîtrait avoir principalement
lancé de ces petites obsidiennes pulvérulentes, qu’on prendrait
facilement pour des ponces, car tout le sol des Cañadas
en est complètement recouvert; une petite montagne sur laquelle
on passe avant que de monter le Pic en paraît entièrement
formée, et on en trouve beaucoup sur le Pic même. Là elles
sont plus volumineuses et souvent unies à l’obsidienne en verre
irisé ct verdâtre : ce qui, dans le même morceau, indique des
degrés divers de fusion. J’avais beaucoup amassé de ces écbantillons
qui doivent être rares dans les collections; le guide qui
en était chargé les perdit. Cette obsidienne en verre dont on
trouve d’assez gros morceaux, variables dans leurs teintes, est
remarquable par sa fragilité. En général toutes les laves du
Pic se distinguent de celles qu’on voit à Sainte-Croix, en ce
qu’elles ne sont point poreuses et manquent d’olivine et de pé-
ridot.
N’ayant point parcouru les autres parties de Ténériffe, je
me suis simplement borné à donner une idée générale du Pic
ct des moyens d’y monter. Deux savans du premier ordre,
MM. Cordier ct de Buch, l’ayant exploré avec soin, ont dû
donner à ce sujet tous les renseignemens géologiques convenables.
Toutefois je n’ai point encore eu connaissance de leurs
relations.