les rapports de la beauté personnelle, étaient bien supérieures
aux bommes, même à tous les naturels de
cette contrée que j ’eusse encore aperçus. Plusieurs
d’entre elles sont grandes, droites et bien tournées ;
j ’en ai remarqué deux particulièrement dont les traits
et les formes feraient bonneur à plus d’une Européenne.
Cette tribu se composait d’environ trente bommes,
seize ou dix-sept femmes et une vingtaine d’enfans.
» Je n’ai jamais pu m’assurer si les naturels de Moreton
Bay avaient quelque idée de religion. Ils n’ont
aucun souci ni de bons ni de mauvais génies; les
Anglais que nous trouvâmes avec eux n’observèrent
jamais rien qui ressemblât à des prières ou à des cérémonies
religieuses pendant tout le temps qu’ils passèrent
avec eux. A l’époque de la puberté, les bommes
ne se font point sauter une dent de devant, comme
cela se pratique d’une manière invariable aux environs
de Port-Jackson. »
Voici le récit du combat dont Jobn Finnegam fut
témoin cbez les mêmes naturels, en novembre 1823:
« La tribu de Pumice-River, ayant eu querelle avec
une autre à la distance de vingt-cinq milles environ
dans le sud-ouest, ses membres se mirent en route
vers le camp de ces derniers pour terminer leur différend,
et comme je vivais avec leur cbef il insista pour
que je le suivisse.
» En conséquence, nous nous mîmes en voyage un
matin, en faisant environ dix ou quinze milles par
jour. Notre bande se composait de dix bommes, buit
à neuf femmes et quatorze enfans, le roi, son fils et moi.
Tous les bommes portaient leurs filets de pêcbe et
leurs lances, les femmes étaient chargées de poisson, de
racine de fougère, etc. Tous en outre, femmes comme
bommes, étaient armés de lances et de bacbes en bois.
Le troisième matin nous fîmes balte, et tous les
bommes allèrent à la pêcbe : elle fut très-beureuse ;
après un bon repas ils commencèrent à se peindre et à
s’orner de plumes. Le cbef lui-mème commença à me
couvrir entièrement de cire et de cbarbon; quand
ils eurent tous fini leur toilette, nous nous mîmes en
marcbe, et en peu de temps nous arrivâmes près d’un
grand nombre de buttes élevées pour cette circonstance.
Elles étaient si nombreuses que j’eus de la peine
à les compter; chaque tribu (car plusieurs s’étaient
rassemblées pour assister au combat) semblait avoir
construit les siennes en groupes isolés et séparés les
uns des autres. A peu de distance de cette station
notre bande s’arrêta. Aussitôt qu’on nous eut aperçus,
la foule assemblée poussa de grands cris, et peu après
nos compagnons furent visités par plusieurs de leurs
amis. Ceux-ci se réunirent aux nôtres pour pousser
de profondes lamentations , et toute la troupe se mit
à gémir tristement. Peu de minutes après, le chef de
la tribu sur le terrain de laquelle nous nous trouvions
vint à nous ; après avoir causé quelque temps avec
notre chef, il nous désigna la position où nous devions
bâtir nos cabanes.
» Les femmes de notre tribu commencèrent ce tra