50 VOYAGE DE L’ASTROLABE.
182Ö.
J i l in .
recherches scienlifiques. Cet estimable officier, qui
paraît unir la franchise d’un marin à des manières
simples et même un peu originales , me fit beaucoup
d’amitiés ; nous nous entretînmes long-temps de ses
travaux qui étaient à leur terme, car il retournait
en Angleterre. Il avait beaucoup souffert de l’influence
pernicieuse du climat et des maladies, puisqu’il avait
perdu trente-cinq officiers et plus de cent matelots. Il
avait aussi dès le principe avec lui deux naturalistes
qui avaient succombé ; perte irréparable, et qui réduisait
les résultats aux seules observations géographiques.
Du reste, il avait admirablement rempli son
mandat sous ce rapport ; il me montra toutes les cartes
qu’il avait dressées. Ce travail excellent méritera de
prendre place à côté de ceux de Flinders et de King.
C’est ainsi qu’on doit travailler quand on veut rendre
de véritables services à la navigation.
Outre le Level, qui était une corvette de vingt-six
caronades de 32, du port de quatre cent soixante
tonneaux, et montée par cent cinquante hommes d’équipage,
M. Owen avait aussi à sa disposition un petit
navire nommé le Baracouta, et une petite goélette
appelée l’Albatrosse. On sent bien qu’avec de tels
moyens il lui était facile de faire beaucoup.
A une heure je descendis à terre avecM. Lottin,
pour aller rendre visite au gouverneur-général. Il
faisait sa sieste. Alors je parcourus la ville, qui
n’est qu’un méchant village composé de chétives cabanes
; le logement du gouverneur lui - même n’a
qu’une bien triste apparence. Trois maisons seulement
offrent un aspect plus décent; elles appar- 1826.
tiennent aux consuls anglais et américain et à un né-
gociant. La ville de la Praya et son fort, qui me parut pi. viii ei ix.
en bien mauvais état, sont assis sur une éminence surmontée
d’un plateau, et qu’entoure de tous côtés un
vallon planté de quelques palmiers et cocotiers, les
seuls arbres que l’on puisse y remarquer. Tout ce que
la vue peut saisir des montagnes voisines respire cet
air de sécheresse et d’aridité qui m’avait déjà frappé à
l’Ascension. On dit qu’à peu de distance, dans l’intérieur,
la scène change, et qu’il y a même des sites fort
agréables. Mais je n’avais pas le temps de songer à
y pénétrer; dégoûté du triste spectacle que j’avais
sous les yeux, accablé de la chaleur que j ’éprouvais,
je ne restai qu’une heure à terre, et m’empressai de
retourner à bord, où je respirais du moins la brise de
la mer.
Au mouillage nous relevions la pointe O. de la
baie au N. 87° O. du compas. La pointe E. au
S. 86° E ., et le fort de la Praya au N. 36° O. Le
thermomètre variait de 18° à 24°, de la nuit au jour.
J’observerai ici que la relâche de la Praya me paraîtrait
préférable à celle de Santa-Cruz sous tous les
rapports, le vin seul excepté, pour un bâtiment
destiné comme le nôtre à une longue campagne. Elle
est plus éloignée du point de départ; l’eau s’y fait plus
commodément, et l’accès de la terre est plus facile.
Surtout, et il faut noter cette remarque comme un
point essentiel, un navire affourché ou mouillé avec
une chaîne convenable, n’a rien du tout à y redouter.