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Juin.
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arbre. A une cerlaine hauteur seulement, commence
à paraître le cbcne liège , arbre assez gros et toufl'u,
mais le plus souvent tortu, difforme et d’un aspect
peu agréable. Les terrains incultes de sa pente sont
couverts par la fougère commune. Quelques petites
habitations sc retrouvent encore à une grande hauteur
; aux deux tiers de la montagne le liège disparaît
entièrement pour faire place aux cistes de diverses
espèces, au garou, aux fougères, aux cytises et à
diverses sortes de graminées et de composées. A cinquante
toises , au plus , du sommet, règne une longue
esplanade naturelle en pente douce, d’une forme
ircs-rcmarqnablc, qui semble bordée de trois rangs
de murailles. Sur une épaisseur de trois à cinq pieds,
elles s’élèvent au-dessus du sol souvent à douze ou
quinze pieds, dirigées du nord au sud, ct inclinées
de 45° environ vers l’ouest. Toutes m’ont paru, comme
à Gibraltar, foianécs par des assises d’un calcaire
grossier. Ln botanique, je recueillis avec plaisir une
fougère à tige ligneuse et grimpante, très-voisine du
Davallia epiphylla; en entomologie, une jolie es-
|)ècc du genre Psyché. Tandis que je faisais un déjeuner
frugal sur la cime de ce mont, quatre aigles
sillonnaient avec majesté les plaines aériennes, tantôt
devant leur vol rapide vers les nuages où ils disparaissaient
presque à mes regards, tantôt s’enfonçant
dans les anfractuosités des roches suspendues
sous nos pieds. De cc point l’observateur peut con-
Icinpler à la lois l’extrémité méridionale de cette Europe
si célèbre par ses lumières , et la partie boréale
de cette Afrique encore plongée dans les ténèbres de
la plus profonde ignorance. Gomme une barrière insurmontable
, deux lieues au plus de mer séparent
ces deux contincns, et semblent être pour l’intelligence
humaine les limiles de la mort et de la vie.
Par les observations que firent MM. Jacquinot et
Lottin dans cejour, la hauteur de celte montagne se
trouva cire de sept cent quinze mètres au-dessus du
niveau de la mer; et sa base est éloignée de huit mille
mètres de Torre de Villa-Vieja.
Le vent varia au N. et N. N. E. Encore une fois je
tentai d’en profiter, et déjà l’Astrolabe se trouvait
devant la tour de Gualmesi, quand l’éternel vent
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d’ouest revint encore, soufflant assez Irais. Inutilement
je tentai de me soutenir en courant des bordées
sous toutes voiles , le courant nous entraînait sensiblement;
ainsi à quatre heures je laissai porter de
nouveau pour le mouillage. Après avoir passé entre le
rocbcr de Palomes et la Perle, à moins de trente
toises du premier, el contourné les brisans de Garncro,
je laissai tomber l’ancre près de la pointe de Getarcs
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