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108 VOYAGE
1826.
Octobre.
à deux cents pas du rivage une forêt de beaux Eucalyptus
et de Banksia, pour couper de grosses pièces
de bois nécessaires au service du bord, je me suis
promené doucement sous Tombrage, tirant des oiseaux
et ramassant quelques plantes. Le terreau de
ces coteaux m’a semblé substantiel et bien propre à
la culture.
La butte dont j’ai déjà parlé a été considérablement
réparée et augmentée ; à un demi-mille plus loin j’en
ai observé dix à douze autres de la même forme,
qui m’ont paru la résidence babituelle de la tribu qui
peuple ces plages. Aujourd’bui sans doute elle s’est
retirée plus loin vers l’intérieur, afin de soustraire
les femmes à nos regards.
MM. Gressien et Paris ont travaillé au plan du
bâvre de la Princesse, tandis que 31. Lottin faisait
une station avec le théodolite sur le point culminant
de la presqu’île de l’Aiguade.
Dans l’après-midi le vent soufflait avec violence à
rO . ; sur les cinq heures une brume épaisse, semblable
à des tourbillons de fumée, s’est élevée du fond du
bâvre de la Princesse, et, depuis ce moment, le vent
a soufflé grand frais par raffales. Aujourd’hui la température,
qui n’était à quatre heures du matin qu’à
1 2 °, 8, atteignait 2 1 ° à midi; cette ascension produisit
sur le corps humain une impression de chaleur très-
sensible.
Temps pluvieux et vent violent qui m’ont contraint
de garder le bord. Les canots des Anglais nous ont
apporté du poisson et de jolies tourterelles à reflets
DE L’ASTROLABE. 109
métalliques, que nous avons achetées pour du lard et
du biscuit.
La journée s’annoncait sous les auspices les plus
favorables; tous les membres de l’expédition l’ont
mise à profit, chacun suivant ses goûts et la nature de
ses occupations. A quatre heures, MM. Lottin et Faraguet
sont partis dans la yole pour travailler au plan
de la baie extérieure, et ont en même temps conduit
MM. Quoy et Gaimard au pied de Bald-Head qu’ils
voulaient explorer. A quatre heures trois quarts je
suis parti dans la baleinière avec 301. Guilbert et
Sainson, pour rechercher de nouveau la rivière des
Français; vingt minutes après, M3I. Gressien et Paris
ont été déposés sur la pointe Possession pour faire
le tour du bâvre de la Princesse.
Je me dirigeai immédiatement sur l’ile du Jardin
où la planche du micromètre fut plantée ; sa distance
, à un point sur la côte S. E. du bâvre, servit de
base pour le plan. MM. Guilbert et Sainson firent le
tour de la plage pour en tracer les sinuosités, tandis
que je traversais avec le canot vers la partie de la
baie où je supposais l’embouchure de la rivière. Au
moment où je quittais ces messieurs, trois sauvages
sortirent du bois et accoururent vers le canot; par
précaution je gardai l’un d’eux avec moi. En approchant
de la partie N. E. de la baie, un banc, qui s’avance
très-loin au large, me contraignit à me mettre à
l’eau, tandis que les canotiers balaient l’embarcation
à force de bras. 3Iais bientôt nous reconnûmes le
véritable lit de la rivière, dont le milieu est occupé par
1826.
2 3 octobre.