au scalpel plutôt cpi’aux cuchaulemens ; mais le patient
tut satisfait ct se crut lui-mème parfaitement guéri.
Lorsque Bou-Roung, jeune naturelle, vivait à
Sydney, elle faisait souvent des courses vers le fond
lie la baie : un jour elle en revint très-mal à son aise,
sans aucun symptômeapparent. Interrogéesiir la cause
dc sa maladie, elle déclara qu’une femme kemmiraï
avait uriné dans un sentier où elle devait passer, el
attribua l’origine de son mal à ce maléfice. Ces femmes
étaient d’une tribu ennemie de la sienne, car elle appartenait
à celle dc Botany-Bay, et quand Bou-Roung
leur annonça qu’elle était très-malade, elles sc vantèrent
avec orgueil de ce qu’elles avaient l'ail. Cependant,
l’effet de cette idée bizarre fut telle sur l’imagination
affaiblie de Bou-Roung qu’elle ne se rétablissait point,
bien que M. Wbile l’eût saignée. Le mal causé par
celle superstition ne put être vaincu que par une su-
lierslilion aussi ridicule qui fit pins souffrir l’opérateur
que la patiente. On la fit asseoir par terre, sa
lètc fut ceinte par un de ces cordons que les bommes
avaient portés autour de la leur ; on eut soin de placer
le noeud au milieu du front, puis une autre fille en
prit le bout qu’elle frotta contre ses lèvres pour les
écorcber jusqu’à ce qu’elles vinssent à saigner. Celle-
ci se mit alors à rejeter le sang qui en découlait en
abondance dans de l’eau placée près d’elle, et la pauvre
Bou-Roung crut tout simplement que ce sang
sortait de sa tète, et que le cordon le conduisait dans
la boucbe de l’autre. Cette opération se nomme bi-
amiaï, et est du ressort particulier des femmes.
L’équipage de quelqu’un des canots dc la colonie,
retenu au fond du port par le vent, eut lieu dc connaître
un autre genre dc superstition. Les matelots
avaient ramassé quelques coquillages, et sc préparaient
à les faire rôtir de nuit, quand un naturel qui
les observait secoua la tête et s’écria que le vent
qu’ils attendaient ne viendrait point s’ils faisaient
cuire leurs jioissons. Son argument n’empècba point
les matelots de faire leur régal, et le vent étant réellement
resté contraire, ceux-ci à leur tour donnèrent
un exemple de leur propre superstition en maltraitant
le naturel, et lui allTibuanl le mauvais vent qui les arrêtait.
Quand on questionna le sauvage sur cet incident,
on apprit qu’ils ne faisaient jamais rôtir leur
poisson durant la nuit. Ces sauvages racontent aussi
l’bisloirc d’une rocbe qui tomba et écrasa quelques
naturels qui sifflaient au-dessous ; c’est pourquoi c’est
une règle invariable pour eux de ne jamais siffler sous
un rocber.
Ils croient aux esprits, et voici cc que leur crédulité
en raconte. Lorsque les esprits apparaissent,
ils s’avancent doucement, le corps courbé, les bras
étendus devant la figure, el saisissent à la gorge la
personne qu’ils viennent visiter. Les naturels sont généralement
persuadés (jue celui qui jieut dormir près
de la louibe d’un mort, peut, en vertu de ce qui lui
arrive, être délivré pour le reste de sa vie dc toute
crainte to((cbant ces apparitions ; car, durant ce terrible
sommeil, Tesjnil du défunt vient le trouver, le
saisit à la gorge, bd o((vre le corjis, en retire les c((-