composant l’équipage de VAstrolabe, avec leurs
divers mouvemens durant la campagne, viendra
après les instructions, et sera suivie par le rapport
de MM. les Membres de l’Académie des
sciences chargés d’examiner les travaux de la
mission ; puis nous passerons à la relation même du
voyage.
Ici je dois une explication au lecteur; jusqu’à
M. de Freycinet, tous les récits de voyages maritimes,
constamment soumis à l’ordre historique,
n’étaient en quelque sorte que le journal du bord
dépouillé d’une partie de sa sécheresse habituelle,
et plus ou moins animé par des épisodes, par des
observations sur les moeurs des naturels, et les
productions du sol, et quelquefois aussi par des
réflexions philosophiques. M. de Freycinet, le premier
, dans la rédaction du voyage de Baudin, en
vertu des ordres qu’il reçut alors, adopta une
autre marche, et, se contentant de faire précéder
l’ouvrage d’un simple itinéraire, divisa les observations
faites pendant la campagne en divers chapitres
qui ne reconnurent d’autre loi que celle des
localités et des matières. Il a suivi à peu près
le même système dans la publication de son
voyage sur l’Uranie, qui offre plutôt un immense
recueil de recherches laborieuses qu’une véritable
relation.
De cette manière, il est possible de présenter sans
doute un travail plus complet, et qui peut en
quelques circonstances devenir plus utile à consulter
, puisqu’alors le narrateur ne se borne plus
à ses propres observations ou à celles qui y ont
un rapport direct. Les diverses relâches de la
campagne deviennent ainsi en quelque sorte autant
de sujets de dissertations que l’on peut rendre
d’autant plus complètes que l’on ne néglige aucun
des auteurs on des voyageurs qui ont traité
la même matière. Mais on ne doit pas se dissimuler
que d’un autre côté cette méthode entraîne de
grands inconvéniens. D’abord elle nécessite dans
la publication de longs retards, puisqu’il faut
connaître tout ce qui a été écrit sur chaque sujet,
étudier, discuter, analyser des versions souvent
bien differentes, et faire, en quelque sorte,
un traité de géographie pour chaque mouillage.
Ensuite les observations du voyageur lui-même
disparaissent confondues avec celles des autres
personnes qu’il a fallu citer, et son ouvrage perd
alors ce cachet d’originalité si agréable au lecteur,
pour les savans le meilleur garant de sa