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étaient cantonnés sur une des îles environnant le port. Ils
avaient aperçu notre navire. Plus de huit mois s’étaient écoulés,
nous dirent-ils, depuis qu’ils attendaient le bâtiment qui les avait
déposés sur cette côte, et qui devait venir les prendre avec leur
cargaison. Plusieurs, craignant d’être abandonnés, demandèrent
à M. d’Urvillc de passer à Port-Jaekson , ce qui leur fut
accordé. Le lendemain il nous arriva un second canot faisant
aussi la pêche. Ccliii-ei paraissait plus content de son sort. Il
y eut à hord des échanges mutuels de peaux de Phoques ou de
Kanguroos pour de l’cau-de-vie et du tabac. Ce sont ces
bommes qui nous procurèrent du poisson en abondance , des
Tourterelles, unPboquc pour l’histoire naturelle, et des Pétrels
noirs tout plumés en grande quantité. Ils allaient prendre ces
oiseaux dans des trous, sur les îles qui sont à l’entrée de la
rade. Ces pêcheurs avaient avec eux des femmes des naturels
de la Nouvelle-Hollande ct de l’île deVan-Diémen. Ils paraissaient
avoir enlevé de force les premières, ce qui les faisait redouter
sur cette cote. Ces femmes, par leur adresse et leur
industrie, étaient de la plus grande utilité pour les Anglais ;
c’étaient elles qui péchaient, allaient à la cbasse au fusil, ou à
celle du Kanguroo avec les chiens; qui plongeaient pour nous
apporter des Huîtres et autres Coquilles, et qui nous procurèrent
une grande quantité de gros Lézards qu’il eût été impossible
d’avoir sans leur secours. Elles ne devaient pas se
trouver mal avec des hommes qui leur procuraient l’abondance,
et qui avaient pour elles plus d’égards que n’en ont ceux
de leur nation.
Nous partîmes un matin avec le commandant pour une
course sur les bords de la rivière des Français; nous manquâmes
son entrée et donnâmes dans celle des Anglais, où
nous demeurâmes à cbasser. Nous frîmes contrariés par la pluie;
malgré ceU nous tuâmes un assez bon nombre d’espèces différentes
d’oiseaux. Nous étions presque toujours dans l’eau,
quelquefois jusqu’à la ceinture, tandis qu’il pleuvait à verse.
Nous soupâmes auprès d’un grand feu que, vu la qualité
résineuse du bois, il ne nous était pas difficile d’entretenir
malgré la pluie. Le soir, assez tard, nous rentrâmes à bord
de la corvette avec nos collections qui nous présentaient à
chaque course toujours quelque cbose de nouveau.
La veille de notre départ, en revenant péniblement par
terre de notre excursion au mont Bald-Head, je fis une
chute assez grave sur le genou gauche, qui me le déchira dans
trois endroits. Elle fut occasionée par ces troncs d’arbres que
brûlent los naturels. L’intérieur est consumé que l’écorcc est
intacte ; mon genou porta sur un de ces contours charbonnés;
obligé de faire trois quarts de lieue après ce petit accident, la
poussière du charbon s’introduisit dans les plaies, ct m’a marqué
d’une manière indélébile. Heureusement que cela eut lieu
au moment de notre départ, car, ne pouvant plus marcher, et
obligé de garder le bord, j’aurais été très-contrarié de cette
inactivité.
{Journal de M . Quoy.)
P A G E 1 8 7 .
L’histoire naturelle s’est enrichie d’une foule de
matériaux très-intéressans.
Le 1 2 novembre au matin, nous mouillâmes dans le port
Western. Deux beures après nous étions à explorer le pays.
Ce port, situé dans le détroit de Bass, est très-grand, ct formé
pardeuxîlesconsidérablesnomméesîles des Français et des Anglais.
Il y a deux issues dont l’une, celle de l’ouest, très-vaste,
permet aux navires d’entrer en louvoyant; tandis que l’opposée,
qui est à l’est, étroite, peu profonde et hérissée de récifs, ne
peut donner passage qu’aux embarcations. Les terres, tant des
îles que du continent, sont peu élevées, en général sablonneuses,
contenant sur quelques points une grande quantité
d’oxidc de fer très-ricbc en métal. L’île des Français est remarn
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