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182 NOTES.
parraacclles et une ancillc qui formera certainement une espèce
nouvelle.
Dans la route nous prîmes sur le Carduus-Mariana beaucoup
de papillons cardinaux, belle espèce rare et Imparfaite dans
les parties méridionales de la France. Enfin, le soir, assez tard,
chargés de roches et de plantes, et surtout très-fatigués, nous
allâmes coucher à bord de la corvette, après quatre jours d’absence,
temps strictement nécessaire pour le voyage du Pic. En
demeurant un jour de plus à rOrotava, en descendant, on se
reposerait convenablement.
L’ensemble du voyage a coûté quatre cents francs, y compris
les guides et la nourriture des hommes et des chevaux, ce
qui était réglé à chaque halte, et ce dont les conducteurs étalent
chargés de s’occuper. Sans l’hospitalité que nous trouvâmes
chez M. Berthelot, les frais eussent dépassé cinq cents francs.
Encore ne faut-il pas faire entrer en compte les vivres que nous
avions en assez grande quantité. Ce sont les Anglais, habitués
à répandre l’argent avec profusion, qui font monter si haut
les dépenses de ces courses ; car les vivres et les autres denrées
sont à assez bon comp te, ct Ténériffe, où les fortunes sont médiocres
, est loin d’avoir le luxe des colonies.
[Journal de M . Quoy.')
P A G E 58.
Les boeufs et les légumes y sont à bon compte,
et le prix de la volaille le même qu’à Ténériffe.
Le 2 7 nous eûmes connaissance des îles du Cap-Vert (celles
de Buena-Vista, de Sal et de Mai), et le 2 9 nous mouillâmes
sur celle de Santiago (Saint-Jacques), dans le fort de la Praya,
lieu d’un aspect affreux, formé de rochers abruptes et de laves
noires dépourvues de végétation. La v ille , qui apparaît au
fond de la baie, est assise sur un de ces rochers ; e t, après être
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débarqué, il faut faire un assez grand contour pour y arriver.
C’est tout ce que nous avons à dire d’un lieu qu’une courte relâche
nous a empêché d’explorer; mais la grandeur de l’île et
la hauteur des montagnes font présumer qu’ainsi qu’à Téné-
rifîe, les sites intérieurs doivent être plus agréables. Nous
croyions aussi trouver les vivres à meilleur compte que nous ne
les eûmes. Il n’y avait cependant que quelques navires sur la
rade, au nombre desquelss’en trouvait un avec pavillon anglais,
que nous crûmes être celui du capitaine King; mais, par une
seconde fatalité, il était parti depuis deux ou trois jours. C’était
le capitaine Owen, qui, depuis quatre ans, était occupé de la
géographie de Madagascar et de toute la côte d’Afrique, qui
s’étend depuis ce point jusqu’au Sénégal. Pendant la durée de ce
travail immense, ce commandant avait perdu quarante officiers et
cent cinquante matelots. Amesure qu’il cnavaitbesoin, il allait
se recruter sur les navires qui passaient à rile-de-France ; et
ceux qui lui restaient à eette époque étaient tous de très-jeunes
gens. De nos messieurs qui ont vu des travaux de cette expédition
, les trouvent parfaits et exécutés avec tout le soin et la
ténacité que savent y mettre les Anglais. Ce sentiment est celui
de M. d’Urville et de trois de nos officiers, qui, dans notre
marine, sont au nombre de ceux qui ont probablement fait le
plus de bonne géographie. Le capitaine Owen , travaillant en
partie pour la Compagnie des Indes, sera, nous dit-on, à son
retour récompensé de ses dangers et de ses travaux par une
somme de cent vingt mille francs. C’est un homme qui paraît
d’une grande simplicité de moeurs; ct lorsqu’il vint, dans son
petit canot, visiter notre commandant, à la longue barbe qu’il
portait lui et ses hommes, on eut de la peine à reconnaître un
capitaine de vaisseau anglais chargé d’une semblable mission.
Mais dans une pareille dépense ct une si grande perte
d’iiommes, on n’avait pas mis tout à profit et su tirer parti
d’une semblable expédition, en négligeant d’y adjoindre des naturalistes
et des personnes chargées d’observer les moeurs des
peuplades nombreuses avec lesquelles on communiquait; car
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