c’est que si le gouvcrneinenl lût resté bien pénétré de
ce principe, il aurait toujours montre plus de zèle à
encourager les colons libres à se hasarder sur le territoire
de la Nouvelle-Hollande. Il est évident aussi que
les ministres, tout entiers aux soins de la guerre dernière
, furent induits en erreur par les rapports contradictoires
des gouverneurs et des officiers civils et
militaires. Car ces derniers détestaient les nouveaux
venus, les considérant comme des intrus qui venaient
leur ravir le monopole des terres, des troupeaux, des
esprits et des provisions dn gouvernement, etc., etc.
Ils oublièrent peu à peu l’ancienne expérience du cabinet,
adoptant un jour les suggestions de tel individu,
et une autre fois celles de tel autre, suivant que les
faits établis dans les lettres publiques ou particulières
de la colonie semblaient pins ou moins plausibles. Le
plus souvent ces prétendus faits étaient d’insignes
mensonges.
» Ln conséquence, fermer toutes les avenues de ce
lieu de pénitence ; le priver de toute espèce de rapport
avec les Luropéens ; décourager ceux qui voudraient
s’y établir, excepté les favoris particuliers du gouvernement,
et les personnes incapables de faire ombrage
comme les méthodistes : tel fut le système adopté jusqu’à
l’époque où le gouverneur Macquarie fut envoyé
dans la colonie. Lt bien qu’après cette période, tant à
cause des rapports relatifs aux belles laines de la Nouvelle
Galles du Sud, que pour cjuelqnes-unes des circonstances
de la rébellion de 1808 , les ministres aient
commencé à se relâcher un peu de leurs principes, et à
permettre à des hommes libres d’aller s’y établir ; cependant
ils n’agirent pas encore sur un plan régulier,
ni en vertu d’un principe général. Ils y envoyèrent des
colons comme à la bonne aventure, tout juste pour
essayer comment cela réussirait. La guerre les occupait
trop pour leur permettre de donner à la colonie
les soins qu’elle réclamait.
» S’ils eussent repris leur ancienne coutume d’envoyer
leurs condamnes en Amérique, où, comme nous
l’avons déjà démontré, ceux-ci ne pouvaient pervertir
les habitans, mais au contraire où ils se corrigeaient ;
s’ils en eussent bien pesé les conséquences, ils n’auraient
point introduit dans la Nouvelle-Galles du Sud
le convietisme seul, mais auraient eu soin d’y envoyer
un fermier libre avec sa femme et ses enfans, pour
trois on cinq condamnés à y déporter, afin de coloniser
cette terre inconnue. Jugez, lecteur, ce que
Sydney serait aujouid’hui, si pour chaque millier de
convicts débarqués sur ce sol, il y était aussi arrivé
trois ou quatre cents femmes condamnées, et en outre
un fermier, sa femme et trois ou quatre enfans pour
chaque trois ou cinq convicts!... La Nouvelle-Galles
du Sud, au lieu de cinquante mille habitans, en compterait
peut-être un demi-million !... C’eût été la plus
brillante colonie créée en si peu de temps dans les annales
du monde.
» Nous pensons donc que ce doit être une maxime
admise dans cette branche de l’économie jiolitiqne,
que les obstacles à la réforme des malfaiteurs décroissent
à mesure qu’ils sont moins rapprochés les uns des