iSaC.
Octobre.
Pl. XVIII.
a passé gaiement son temps, buvant, mangeant et se
cbanlTant au l’eu de la cuisine. Les matelots lui ont
fait des cadeaux, ct l’ont mcme babillé. Il a répondu
avec intelligence aux queslious qu’on bd a adressées,
tant qu’elles ne l’ont pas ennuyé ; comme le premier
naturel qui nous a visités , des qu’on bd a montré un
morceau d’ocre, il l’a nommé hoyel, et sur-le-cbamp
il en a raclé avec l’ongle du pouce, puis nous l’avons
vu, avec la poussière de cette substance recueillie dans
le creux de sa main, sc barboidllcr le visage non sans
quelque symétrie. Bien (ju’il eût témoigné le désir de
retourner à terre, il s’était résigné d’assez bon coeur
à passer une seconde nuit à bord; mais MM. Gaimard,
Guilbert et Sainson m’ayant demandé à coucber sous
la tente pour observer de plus près les manières des
naturels, je profilai de cette circonstance pour le
renvoyer avec eux , ce qui lui fit beaucoup de plaisir.
Les naturels continuent de se montrer très-pacifiques
, et Ton m’a appris qu’ils avaient déjà amené
trois enfans au camp, preuve infaillible de leur confiance
et de leurs bonnes dispositions.
Vers neuf beures et demie du matin, accompagné
de Lauvergne et de Simonet, je débarquai sur la
longue plage de sable qui s’étend de la pointe des
Patelles jusqu’au bâvre aux Huîtres, et me dirigeai
vers les bois de Tinlérieur ; à un demi-mille du rivage,
dans un lieu abrité des vents d’ouest, je rencontrai
quelques buttes de sauvages. L’une d’elles, bien conservée
, offrait tout-à-fait l’apparence d’une rucbe de
trois ou quatre pieds de rayon coupée en deux par un
plan vertical. De menues brandies formaient sa cbar-
pentc, et des feuilles de Xanthorrhoea la recouvraient
en guise de cbaume. Quatre on cinq autres n’offraient
plus que les débris de leur cbarpenle. Devant la première
se trouvait une pierre qui avait servi à broyer
l’ocre que les sauvages emploient dans leur toilette.
Après avoir traversé de belles forêts d’eucalyptus,
où je ne trouvai que très-peu d’oiseaux , j’arrivai
sur la plage du bâvre aux Huîtres , vis-à-vis l’îlot du
Jardin, près d’une petite rivière de quinze à vingt
pieds de large, dont le lit bien dessiné est assez profond.
Cette partie du rivage est très-basse et joncbée
de valves et de débris de moules, de vénus, de bulles
et autres coquilles.
Aucun naturel ne s’était offert à mes regards dans
cette longue course, lorsqu’on suivant la plage de sable
pour revenir à bord, un d’eux sortit d’entre les broussailles
et vint à ma rencontre. Il portait à la main un
couteau fabriqué d’un morceau de quartz fixé à une
espèce de manche avec de la résine de Xanthorrhoea;
je lui donnai en échange un couteau véritable, marché
dont il fut ravi.
Vers trois beures je fus de retour à bord ; MM. Gaimard
, Guilbert et Sainson m’y suivirent de près ; ils
étaient très-contens de leur nuit et de leurs communications
avec les naturels’^. On me montra des racines
de rcstiacées, et de petits lézards dont ces malbeureux
peuples font une des bases de leur nourriture.
xV neuf beures, une embarcation qui nous parut
iS'xG.
Octobre.
Pl. X IX .
Voyez note G.
TOME 1.
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