et Courant. Il eut d’autant plus de mérite à exécuter
ces nombreuses découvertes que son navire
était fort mauvais et privé de toutes les munitions
nécessaires à un pareil voyage.
Dans les mêmes années encore, notre célèbre
Bougainville, ouvrant la carrière de ces navigations
aux Français, ajoute à la géographie les îles des
Quatre-Facardins, des Lanciers, de La Harpe,
onze îles dans l’archipel Dangereux; visite Tditi,
découvre l’archipel des Navigateurs, VEnfant-
Perdu; retrouve les terres du Saint-Esprit de
Quiros qu’il nomme Cyclades ; découvre les îles de
la Louisiade; reconnaît plusieurs des îles Salomon,
et termine enfin ses nombreuses découvertes par
les îles des Anachorètes et de l'Echiquier. Ce
voyage, déjà fort important par lui-même, l’aurait
été bien davantage si l’on eût pu fixer exactement
la position des îles aperçues , et si les détails géographiques
eussent été plus soignés.
A Cook était réservé l’honneur d’ouvrir une
nouvelle ère pour la géographie dans ces parages.
Non content de voir et d’annoncer de nouvelles
terres, comme avaient fait ses devanciers,
il détermina leur position avec soin, et chercha
à tracer leurs gisemens et les contours de
leurs côtes avec toute la précision que pouvaient
comporter les méthodes en usage de son temps.
Aussi tontes ses découvertes sont restées authentiques,
et il a fallu que les opérations hydi’o-
grapbiques fussent portées à un très-haut point de
perfection pour qu’on pût se convaincre que ses
reconnaissances laissaient encore beaucoup à désirer.
Toutefois on ne saurait lui refuser le titre
de fondateur de la véritable géographie dans
rOcéan-Pacifique ; ceux qui sont venus après lui
sur les mêmes lieux n’ont pu prétendre qu’au mérite
d’avoir plus ou moins perfectionné ses travaux.
Les fruits de son premier voyage en 1769 et
1770, sont la découverte de l’île de la Chaîne,
des îles de la Société qui environnent Taïti; la
reconnaissance complète de la Nouvelle-Zélande,
de toute la côte orientale de la Nouvelle-Hollande,
et enfin du détroit de Torrès. Ces trois derniers
travaux lui valurent l’admiration générale des marins
et des géographes, ils l’élevèrent en un instant
au-dessus de tous les navigateurs qui l’avaient
précédé, et donnèrent la mesure de ce qu’on
pouvait attendre du courage inébranlable, de la
profonde sagacité et de la persévérance opiniâtre
de ce grand homme.