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4 2 VOYAGE DE L ’ASTROLABE. 43
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1826.
Juin.
ne subit aucun développement ; quebjues-uns, éteints
depuis long-temps, sont encore bien dessinés.
Celui qui occupait à peu près le centre resta seul
en activité, et, par la suite des temps, devint ce
cône énorme qui prit proprement le nom de Pic.
dépendant le cratère primitif, qui dut être d’une
gi-ande profondeur, ne tarda pas à se combler peu à
peu, tant par les matières que vomirent les volcans
secondaires, que par les attérissemens entraînés par
les pluies aux dépens de leurs masses, et il ünit par
former ces vastes plaines, \cs Cañadas, aujourd’bui
presque de niveau avec les bords de l’ancien volcan.
Tant que l’action des feux souterrains permit au pic
de lancer des matières, il continua de s’élever jusqu’au
point où commence le Pain-dc-Sacre. Parvenu à ce
])oint, sans doute il y eut encore une grande intermittence
ou du moins une diminution considérable
dans le pouvoir des feux, jusqu’au moment où, rallumés
de nouveau, ils élevèrent peu à peu le pain de
sucre. Enfin ils se sont tout-à-fait éteints, et de la puissance
prodigieuse qu’ils durent avoir pour opérer
d’aussi grands effets, il ne reste plus que les innocentes
fumées qui couronnent les bords du Pain-de-Sucre.
Telle est en abrégé, et suivant les idées que j ’ai pu
m’en former, l’bistoire de cette énorme montagne. On
voit qu’elle offre dans son accroissement successif
quatre périodes séparées par trois époques ou âges
bien Irancbés; savoir : 1° le temps que sa base dut
employer à s’élever jusqu’à la bauteur des Cañadas,
et durant lequel la boucbe primitive produisit ou
donna naissance aux- montagnes qui forment l’île ;
2° le temps que le Pic dut mettre à s’élever jusqu’à
la bauteur où commence le Pain-de-Sucre ou Pilon;
3° tout l’intervalle du temps durant lequel le pilon
lui-même fut en activité et travailla k sa formation ;
enfin le temps depuis lequel il est tout-à-fait éteint.
Que de siècles durent se succéder pour amener ces
divers résultats! Quel pouvoir immense put arracher
des entrailles de la terre ces masses énormes pour les
amonceler à sa surface ! Et quelle raison nouvelle a
suspendu ce pouvoir et totalement arrêté ses effets !...
Cette dernière expression n’est pas littéralement
exacte; car il y a moins de trente années que des éruptions
s’opérèrent encore par les flancs du Pic, et donnèrent
lieu à des écoulemens considérables de lave
qui firent d’assez grands ravages dans les endroits
qu’ils traversèrent. Mais ce ne sont que de faibles
accidens auprès des grandes convulsions dont nous
venons de parler.
A sept heures nous commençâmes à redescendre, et
huit à dix minutes suffirent pour nous rendre au pied
du Pain-de-Sucre. Sur les bords de l’esplanade d’où le
Pilon s’élance, je remarquai un rocher d’où je voyais
sortir des fumées; c’était encore une fumerolle, mais
d’une température moins élevée que celle que j ’ai
déjà mentionnée ; car le thermomètre n’y monta qu’à
soixante degrés. Les vapeurs qui s’en dégageaient sc
condensaient bientôt en gouttes d’eau. A cette température
vivaient deux mousses bien organisées dont
j ’ai rapporté des échantillons.
182C.
Juin.
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