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casion de vérifier peu après la fondation de la colonie
: car lorsqu’on rencontrait une famille inconnue,
le plus âgé s’avançait pour parler aux Européens, et
ces vieillards portaient le nom de biannai ou père,
qu’ils donnaient aussi au gouverneur Phillip et à tous
ceux des Anglais qu’ils voyaient pourvus de quelque
autorité.
On découvrit aussi une autre signification dans ce
nom de biannai; car on observa fréquemment que
des enfans le donnaient à des hommes qui n’avaient
jamais été pères. Les renseignemens que l’on se
procura pour expliquer ce fait apprirent que, dans
le cas où le père vient à mourir, son plus proche
parent ou son ami se charge des orphelins qui lui
donnent alors le titre de biannai.
Chacune de ces familles est désignée par le nom
propre du lieu de sa résidence, en y ajoutant la syllabe
gai. Ainsi la côte au sud de Botany-Bay se nomme
Gouïa, et le peuple qui l’habite prend le nom de
Goaïa-Gal. Ceux qui vivent sur la côte nord de Port-
Jackson sont désignés par le nom de Kemmiral-Gal,
parce que cette partie de la baie s’appelle Kemmiraï.
Avant que cette dernière tribu fût mieux connue
des colons, on entendit souvent Benilong et d’autres
naturels en parler comme d’un peuple très-puissant,
qui les contraignait d’obéir à toutes ses volontés.
Par la suite on vit que cette tribu était la plus nombreuse
de toutes, que ses membres étaient les plus
vigoureux des insulaires, et qu’enfin c’était de son
sein que sortaient la plupart des singuliers personnages
connus sous le titre de kerredaï et kerre-
digang.
A cette tribu appartenait anssi le privilège exclusif
et bizarre d’exiger une dent de chacun des
hommes des autres tribus qui habitent la côte, ou
de toutes celles qui se trouvent sous leur autorité.
L’exercice de ce droit place ce peuple sous un point
de vue particulier, et l’on ne peut douter de sa supériorité
prononcée. Plusieurs contestations, ou affaires
d’honneur, ont été différées jusqu’à l’arrivée de
quelques-uns de ces personnages; quand ils paraissaient,
il était impossible de ne pas remarquer l’influence
et l’autorité que leur donnaient leur nombre
et leur force physique.
Sans doute ils ont pu maintenir cette supériorité
depuis un grand nombre d’années, et ce tribut d’une
dent qu’ils exigent de tous les jeunes gens des antres
familles est probablement le sceau authentique de
leur puissance.
RELIGION.
Quelques théologiens célèbres ont affirmé qu’il
n’existait pas au monde un pays qui n’offrît quelque
trace de religion; mais tout ce qu’on peut observer
de ces insulaires semble démontrer qu’ils forment
exception à cette règle. Ils n’adorent ni le soleil, ni
la lune, ni les étoiles ; bien que le feu soit un objet
nécessaire pour eux, ils ne lui rendent pas de culte;
ils n’ont également de respect pour aucun animal