8Ü VOYAGE DE L’ASTROLABE. 81
1826. encablure des cages, je ne doutai pas qu’il ne pùt être
Septembre, gauvé, et Craignis seulement pour l’embarcation dont
la cbaleur avait ouvert les coutures. Pour m’éloigner
moins, je virai lof pour lof, et revins m’établir en
panne, tribord amures, aune encablure environ, sous
le vent du lieu où Tbomme nous semblait surnager.
En même temps le canot s’en approchait en toute bâte ;
mais, durant cet intervalle qui dura à peine six à buit
minutes, il avait disparu. 11 ne savait pas nager, ainsi
que je l’appris de ses camarades, et, après avoir pu se
soutenir quelques momens sur l’eau, à l’aide de ses
vêtemens , une lame aura fini sans doute par le faire
couler. Après une demi-beure d’efforts et de recber-
cbes sans succès, quand nous fûmes convaincus qu’il
ne restait plus aucun espoir, je rappelai le canot à
bord, et nous continuâmes notre route, consternés
de ce funeste accident.
L’bomme qui périt alors si malbeureusement se
nommait Binot (Benoît), âgé de vingt-deux ans et
gabier de misaine. Au moment où il tomba à la mer,
de concert avec le cbef de timonnerie Jacon, il travaillait
à dégager un seau engagé dans les cbaînes
des grands porte-baubans, où une lame assez forte
vint le saisir à l’improviste et l’entraîna au large.
S’il eût pu se soutenir quelques minutes de plus, il
eut été infailliblement sauvé!... Quelque répréhensible
que leur conduite ait été depuis , je dois rendre
justice aux matelots qui se précipitèrent dans le canot
pour aller sauver Binot. Malgré le vent, la grosse mer
et le danger qu’ils couraient eux-mêmes, Simonet,
Condriller, Gossy, Le Court, etc., déployèrent un
courage et un dévouement vraiment louables.-
A peine le canot était hissé, <pie le vent fraîchit
beaucoup, et, trois heures après, il ventait grand frais
de N. N. O. avec des raffales et une grosse mer.
Malgré nos soins, malgré notre prudence, les
voiles, la coque et surtout le grément commencent
à se ressentir de celte opiniâtre série de temps forcés.
Je me décide à relâcher au port du Roi-Georges, d’autant
plus que cc point me promet une mine féconde à
exploiter en tout genre.
Le ciel au soir a pris une apparence sinistre, le
mauvais temps est revenu, et le jour suivant, de buit
heures du matin à dix heures du soir, nous sommes
obligés de rester sous le petit foc seul. Le vent soufflait
avec fureur à l’O. S. O., accompagné de raffales
impétueuses, de pluie et de grêle. Quoique moins
grosse que dans la journée du 30 août, la mer était
affreuse, et peut-être plus dangereuse, en ce qu’elle
était bien plus dure, et déferlait souvent en entier sur
la corvette. Nous n’avons pu éviter d’embarquer quelques
lames, qui chaque fois semblaient menacer de
nous engloutir , et qui ont pénétré dans toutes les
parties du navire
La fureur du vent s’apaise un peu le 16 au soir,
pour reparaître avec une nouvelle force dès le 17
au matin. Mais cette fois la température est plus élevée,
les raffales sont sèches, et n’amènent ni pluie, ni
i8a6.
Septembre.
Voyez note i
TOME I.
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