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habitans de la colonie, qui délibéraient et prononçaient
sur toutes les affaires litigieuses. La sent ence était exécutée
sur la simple signature du juge-avocat ; mais dans
tous les cas ’on pouvait en appeler par-devant le gou-
verneui' et par-devant le roi lui-même en son conseil,
quand la somme en litige dépassait trois cents livres
sterling.
En février, le SupplyîrA. expédié vers l’ile Norfolk
pour y former, sous les ordres dn lieutenant King, un
petit établissement où l’on devait cultiver le lin de la
Nouvelle-Zélande.
Les naturels se montrèrent d’abord bien intentionnés
à l’égard des nouveaux venus ; aussi le gouverneur
ne négligea rien pour maintenir de si heureuses
dispositions. Alais ses ordres ne furent pas exécutés ;
les Anglais se comportèrent quelquefois mal à l’égard
des naturels ; ceux-ci ne tardèrent pas à user de représailles.
Avril arriva, et les approches de l’hiver se firent
sentir. Chacun se mit à l’ouvrage, et, avec l’aide des
marins des bâtimens, on eut bientôt construit assez de
baraques pour mettre tout le monde à l’abri. Cependant
la colonie souffrit beaucoup des ravages du scorbut
et des maladies vénériennes qui ne tardèrent pas
à se déclarer.
Le recensement qui eut alors lieu, d’après les
ordres dn gouverneur, prouva que l’établissement
comptait cinq vaches, deux taureaux, un étalon , trois
jnmens , trois poulains, vingt-neuf moutons, dix-neuf
chèvres, vingl-cinqcochons, quaranle-neufpourceaux,
cinq lapins , dix-huit dindons, trente-cinq canards,
vingt-neuf oies, cent vingt-deux poules et quatre-vingt-
sept poulets.
Le 15 mai, fut posée la première pierre de la maison
du gouverneur.
Les naturels devinrent de plus en plus audacieux ,
ils assassinèrent à diverses époques plusieurs Anglais ;
le gouverneur se vit enfin obligé de donner la cbasse
à ces dangereux voisins, pour les tenir à une certaine
distance de la colonie.
La fin de l’année 1788 et le commencement de 17 89
furent marqués par de nombreux crimes ; six soldats
même prirent part à des tentatives de vols. Il fallut des
exemples réitérés pour réprimer ces excès et prévenir
les suites funestes qu’ils pouvaient avoir.
Le 6 mai, le Sirias, que le gouverneur avait envoyé
au cap de Bonne-Espérance pour chercher des
vivres, revintaveccentvingt-sept mille livresde farine,
qui furent d’un grand secours; car les blés semés
l’année précédente avaient assez mal réussi.
Au commencement d’avril 1789, on s’aperçut que
quelques grottes, situées sur le bord de la baie, étaient
pleines de cadavres des naturels ; bientôt on reconnut
que la petite-vérole exerçait ses ravages parmi eux;
un grand nombre devinrent les victimes de cette
maladie; quelques-uns cependant, qui reçurent les
soins des chirurgiens anglais, furent sauvés.
On observa avec surprise que toutes les espèces
d’animaux qui avaient été réservés pour multiplier,
produisirent beaucoup plus de mâles que de femelles.
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