1826.
Mai.
leur fragilité etpcur substance molle, gélatineuse et si
promptement décomposée, ne permettent point de
conserver dans un état satisfaisant. Pour obvier à cet
inconvénient, ils s’empressaient de les décrire, ct
même d’en fixer sur-le-cbamp les formes et les couleurs
à l’aide du pinceau.
Le 1 “ mai au point du jour, nous découvrons les
terres de Carthagène que domine la cbaîne élevée
des montagnes de Grenade. Vers deux heures nous
traversons un vaste espace de mer couvert de débris
très-minces de pailles, de graminées et autres végétaux,
indiquant probablement le lit d’un courant dirigé de
l’L. àl’O. Le soir nous vîmes le cap de Gates. Le vent
s’était établi à l’E., nous pûmes faire bonne route;
et le jour suivant, vers cinq heures trente minutes
du malin, nous n’étions qu’à sept milles de la ])ctile
île Alboran. A sept heures nous n’cn étions qu’à deux
milles au nord par cinquante-cinq brasses de fond,
gros sable mêlé de fragmens decoijuillcs cl de corail
rouge.
Cet îlot paraît entièrement sain de tous cotés, et
n’olTrc qu’un |)elil rocher près de sa pointe de l’L.
Le sol en est très-bas, entièrement ras ct dénué de
grande végétation. Des points blancs et nombreux,
disséminés sur son étendue, indiquent probablement
aillant de goélands sur leurs oeufs.
Toujours poussés par une douce brise d’E. et E.
S. L. sur la plus belle des mers, dès le 3 à midi, nous
découvrions les sommets du mont Gibraltar et du
mont aux Singes, ces antiques colonnes d’Hercule,
ct nous nous llatlions de sortir rapidement de la Méditerranée
, quand la nuit nous amena le calme qui ne
tarda pas à faire place aux vents contraires de l’O.
Depuis cette époque, sans cesse contrariés par le
vent el repousses par le courant, nous fûmes réduits
à courir d’inutiles et fastidieuses bordées devant le
canal cnli'c les côtes d’Europe ct d’Afriipie. Durant
dix-neiif jours je m’obstinai à rester sous voiles, dans
l’espoir de pouvoir à la lin profiter de quelque brise
])lus favorable, et pour accoutumer l’équipage à
ces sortes de contrariétés. Dans la navigation que
j’ciilrejirenais, je jirévoyais cpic le sort devait souvent
nous en susciter de semblables : j’étais donc bien aise
de connaître cc que je pouvais attendre de nos marins.
Cette épreuve m’en donna une bonne opinion, car, sauf
quebpics mauvais sujets que rien ne peut ramener,
tous les autres se comportèrent bien. Il est vrai (ju’on
doit observer que tous les olïlciers, se modelant sur
mon exemple, avaient pour eux tous les égards possibles
, et qu’on ne négligeait aucun moyen pour leur
adoucir les peines et les làligucs inséparables du service
de la marine.
182G.
Mai.
f if
Ii